Près de trois ans après le lancement de son offensive en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine affiche sa satisfaction. Lors de son traditionnel discours de fin d’année devant les principaux cadres de son ministère de la Défense, il s’est en effet félicité lundi du rythme de l’avancée de ses troupes et d’avoir « l’initiative » sur l’ensemble du front à l’issue de cette « année charnière » 2024.
Des gains territoriaux significatifs pour la Russie
D’après le maître du Kremlin, les forces russes ont « libéré » pas moins de 189 localités ukrainiennes au cours de l’année écoulée. Un euphémisme pour désigner la prise de villes et villages par Moscou. Au total, ce sont près de 4500 km2 de territoire ukrainien qui seraient passés sous contrôle russe en 2024 selon le ministre de la Défense Andreï Belooussov, soit un rythme moyen d’avancée de 30 km2 par jour.
Des chiffres records depuis le début de l’invasion en février 2022. En novembre dernier, l’armée russe avait ainsi gagné 725 km2, son plus important gain mensuel en plus de deux ans et demi de guerre. Kiev, de son côté, s’efforce de contenir tant bien que mal cette lente mais inexorable progression, au prix de combats « épuisants » dans l’Est du pays.
Pokrovsk et Kourakhové, prochaines cibles russes
Malgré une résistance acharnée, les forces ukrainiennes, en infériorité numérique et matérielle, cèdent du terrain face à la puissance de feu russe. Moscou a ainsi revendiqué lundi la conquête d’une nouvelle localité au sud de Kourakhové, important nœud logistique et industriel que les troupes de Poutine tentent de prendre depuis des mois.
Plus au nord, c’est la cité minière de Pokrovsk qui est dans le viseur du Kremlin. La chute de ces deux villes stratégiques marquerait une avancée décisive pour la Russie dans la région orientale du Donbass, son principal objectif depuis le printemps 2022.
L’armée russe mise sur la technologie
Pour maintenir la pression, Vladimir Poutine mise aussi sur la modernisation accélérée de son outil militaire. Il a ainsi vanté lundi la montée en puissance de la production d’armements en Russie et appelé à poursuivre les efforts, notamment concernant les « systèmes hypersoniques ».
Le dirigeant russe a également affirmé que ses forces commençaient à utiliser sur le terrain ukrainien des « systèmes robotisés avancés », dont certains dotés de technologies d’intelligence artificielle (IA). De quoi inquiéter Kiev et ses soutiens occidentaux sur les évolutions futures de ce conflit.
Une guerre d’usure qui s’éternise
Malgré les déclarations triomphales du Kremlin, cette guerre entre dans sa quatrième année sans qu’une issue ne se dessine clairement. L’Ukraine, bien que sur la défensive, n’entend pas céder et réclame un soutien accru à ses alliés pour contrer l’ogre russe.
Mais avec le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, principal bailleur de Kiev jusqu’ici, la pérennité de cette aide cruciale n’est plus garantie. Le nouveau locataire de la Maison Blanche a en effet déjà appelé à un « cessez-le-feu immédiat » et à des pourparlers, faisant craindre à l’Ukraine d’être forcée à des concessions majeures.
Moscou, de son côté, accuse les pays de l’OTAN de constituer une menace existentielle en renforçant leur présence en Europe orientale. Selon le ministre russe de la Défense, l’armée du pays doit donc se préparer « à toutes les évolutions possibles de la situation, y compris la possibilité d’un conflit armé avec l’OTAN dans les décennies à venir ». Des perspectives guère réjouissantes pour une région meurtrie par bientôt trois ans d’une guerre qui s’apparente de plus en plus à un brutal bras de fer.