La menace de l’instauration de nouveaux droits de douane par les États-Unis à l’encontre du Canada fait trembler les milieux économiques. Selon Laurel Broten, PDG d’Investir au Canada, ces mesures seraient néfastes pour les deux pays, tant au niveau des entreprises que de nombreux États. Une véritable bombe à retardement pour le commerce transfrontalier.
« Personne n’en sortira gagnant » alerte la dirigeante
De passage à Paris, Laurel Broten n’a pas mâché ses mots. Pour la patronne de l’agence publique de promotion des investissements étrangers au Canada, ces droits de douane seraient « à la fois problématiques pour le Canada et pour de nombreux États américains ». Un constat sans appel, partagé par de nombreux acteurs économiques.
Malgré les justifications avancées par le futur président américain Donald Trump, qui invoque la lutte contre le trafic d’opiacés et l’immigration, les conséquences pourraient être désastreuses. « Du point de vue des entreprises, personne n’en sortira gagnant« , a martelé Mme Broten.
Des économies profondément imbriquées
Au cœur des inquiétudes, l’extrême intégration des économies canadienne et américaine. Des liens tissés dans de nombreux secteurs stratégiques comme l’énergie ou l’automobile. La dirigeante d’Investir au Canada a ainsi souligné qu’une simple « pièce pour un véhicule peut traverser six ou sept fois la frontière au cours de la fabrication ».
Face à cette interdépendance, aucun constructeur automobile nord-américain ne souhaite voir des droits de douane plomber sa compétitivité. Un message que s’efforcent de faire passer les chefs d’entreprise et dirigeants des deux côtés de la frontière.
L’Ontario prêt à cesser ses exportations d’électricité
La tension est telle que certaines provinces canadiennes envisagent des mesures de rétorsion. C’est le cas de l’Ontario, qui s’est dit prête à stopper ses exportations d’électricité vers les États-Unis si les menaces sont mises à exécution. Un coup de semonce qui témoigne de la gravité de la situation.
Le Canada mise sur le dialogue et le libre-échange
Malgré ces vives inquiétudes, les autorités canadiennes veulent croire en une issue positive. Laurel Broten a rappelé les « bonnes relations de travail » entretenues avec la précédente administration Trump, qui avait permis de renégocier l’accord de libre-échange entre les deux pays.
« Je sais que le gouvernement est déterminé à s’engager directement dans ce dossier, afin que les entreprises des deux côtés de la frontière continuent de réussir. »
– Laurel Broten, PDG d’Investir au Canada
Au-delà du cas américain, le Canada peut aussi compter sur un vaste réseau de 15 accords de libre-échange avec 51 pays dans le monde. Des atouts mis en avant par la dirigeante, au même titre que la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques et les importantes ressources énergétiques du pays.
Reste à savoir si cela suffira à convaincre la nouvelle administration américaine de renoncer à cette surenchère protectionniste. L’avenir du commerce transfrontalier en dépend, et avec lui la santé de pans entiers de l’économie nord-américaine. Les prochains mois s’annoncent décisifs.