Dans un contexte de tensions persistantes entre la Chine et Taïwan, une délégation de politiciens chinois a fait une arrivée remarquée lundi sur l’île que Pékin considère comme une partie intégrante de son territoire. Cette rare visite intervient quelques jours seulement après la tenue par la Chine d’un des plus grands exercices militaires maritimes de ces dernières années dans la région.
Selon des sources proches du dossier, la délégation chinoise, composée d’environ 90 personnes et menée par Li Xiaodong, chef adjoint du bureau des affaires taïwanaises de Shanghai, ainsi que Hua Yuan, vice-maire de Shanghai, participera mardi à un forum annuel organisé par la ville de Taipei, dirigée par le Kuomintang, un parti connu pour ses positions favorables à Pékin.
Deux accords attendus malgré un contexte tendu
En dépit des relations complexes entre les deux rives du détroit de Taïwan, le bureau du maire de Taipei a annoncé que deux accords devraient être signés lors de cette rencontre, l’un portant sur le domaine de la santé et l’autre concernant un échange de pandas roux. La délégation chinoise aurait accepté de rester « discrète » tout au long de son séjour, selon le Conseil des affaires continentales, principal organe de Taïwan chargé de la politique à l’égard de la Chine continentale.
Des exercices maritimes imposants juste avant la visite
Cette visite survient dans un contexte particulièrement tendu, Pékin ayant tout juste mis fin jeudi à des exercices maritimes d’une ampleur inédite depuis des années. Impliquant quelque 90 navires de guerre et des garde-côtes chinois, ainsi que des aéronefs, ces manœuvres incluaient des simulations d’attaques contre des navires et des exercices visant à bloquer des routes maritimes stratégiques autour de Taïwan.
La tournée du président taïwanais source de frictions
Ces démonstrations de force font suite à la récente tournée dans le Pacifique du président taïwanais Lai Ching-te, qui avait suscité de vives protestations de la part de Pékin. La Chine avait alors exhorté les États-Unis à « cesser d’envoyer de mauvais signaux » aux « forces indépendantistes taïwanaises », mettant en garde Taïwan contre toute tentative de « viser l’indépendance avec l’aide des Américains », affirmant que ce serait « forcément un échec ».
Des communications de haut niveau rompues depuis 2016
Les relations entre Pékin et Taipei se sont considérablement dégradées depuis 2016, année de la prise de fonction de l’ancienne présidente Tsai Ing-wen, issue du Parti démocrate progressiste qui rejette les revendications de souveraineté de la Chine sur Taïwan. Pékin a alors rompu les communications de haut niveau avec l’île, accentuant la pression diplomatique et militaire.
Des interrogations sur la portée réelle de cette visite
Si la tenue de ce forum et la visite de cette importante délégation chinoise à Taïwan constituent indéniablement un événement rare dans le contexte actuel, de nombreux observateurs s’interrogent sur la portée réelle de ces échanges. Alors que Pékin ne cesse de réaffirmer sa volonté de réunifier Taïwan, même par la force si nécessaire, et que les tensions dans le détroit atteignent régulièrement des niveaux préoccupants, il reste à voir si cette rencontre permettra d’apaiser les relations entre les deux rives ou si elle ne restera qu’un épiphénomène dans une mer d’hostilité.
Une chose est sûre, les développements autour de Taïwan continueront de faire l’objet d’une attention mondiale, tant l’île est devenue un point d’achoppement majeur dans les relations déjà difficiles entre la Chine et les puissances occidentales, États-Unis en tête. Dans ce contexte, chaque geste, chaque déclaration sera scruté et interprété, dans l’espoir d’y déceler des signes d’apaisement ou au contraire des motifs d’inquiétude pour la stabilité de toute la région Asie-Pacifique.