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Polémique Autour Du Film « Le Dernier Tango à Paris » : La Cinémathèque Française Annule Sa Projection

Coup de théâtre à la Cinémathèque Française. Suite à la gronde d'associations féministes, l'institution annule la projection du sulfureux "Dernier Tango à Paris". En cause : une scène de viol filmée sans le consentement de l'actrice Maria Schneider. Retour sur une polémique qui secoue le monde du cinéma...

Un véritable vent de colère souffle sur la Cinémathèque française. L’institution parisienne vient d’annoncer l’annulation de la projection du film « Le Dernier Tango à Paris » de Bernardo Bertolucci, initialement prévue ce dimanche dans le cadre d’une rétrospective Marlon Brando. Cette décision soudaine intervient après la gronde d’associations féministes, dénonçant avec virulence une scène de viol présente dans le long-métrage et filmée sans le consentement de l’actrice Maria Schneider, alors âgée de 19 ans.

Retour Sur Une Scène Polémique

Sorti en 1972, « Le Dernier Tango à Paris » raconte la relation sulfureuse et malsaine entre un homme d’âge mûr et une jeune femme dans un appartement vide à Paris. Mais c’est surtout une scène en particulier qui a fait scandale à l’époque et qui revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Dans cette séquence explicite, le personnage incarné par Marlon Brando viole celui joué par Maria Schneider, utilisant du beurre en guise de lubrifiant.

Si la scène était simulée, Maria Schneider a toujours affirmé qu’elle n’avait pas été mise au courant des détails et n’avait pas donné son consentement. Les deux hommes auraient planifié ce moment à son insu pour obtenir une « réaction plus authentique ». Un véritable traumatisme pour la jeune actrice de 19 ans, comme elle le confiera par la suite.

Même si la scène était simulée, je me suis sentie humiliée et, pour être honnête, un peu violée par Marlon et Bertolucci.

– Maria Schneider, dans une interview au Daily Mail en 2007

La Colère Des Associations

Près de 50 ans après la sortie du film, les associations féministes n’ont pas manqué de réagir face à cette projection prévue à la Cinémathèque. Pour elles, diffuser un tel film sans contextualisation ni débat revient à cautionner et banaliser les violences faites aux femmes dans le cinéma.

Le collectif 50/50, qui lutte pour l’égalité et la diversité dans le cinéma, a appelé la Cinémathèque à une « médiation réfléchie et respectueuse de la parole de la victime ». De son côté, l’association Osez Le Féminisme a dénoncé « un film qui fait l’apologie du viol » et « l’impunité dont bénéficient les agresseurs dans le milieu du cinéma ».

La Cinémathèque Plie Mais Ne Rompt Pas

Face à cette pression, la Cinémathèque a fini par annoncer samedi soir l’annulation de la projection, invoquant « des risques sécuritaires encourus ». Pour l’institution, il s’agit de privilégier « l’apaisement des esprits » tout en regrettant de devoir renoncer à un débat qui aurait pu être « riche et important » selon son directeur Frédéric Bonnaud.

Certains y voient un dangereux précédent en terme de liberté d’expression. D’autres une nécessité à l’heure de la vague #MeToo et de la libération de la parole des femmes. Une chose est sûre, le film de Bertolucci, déjà interdit aux moins de 18 ans à sa sortie, continue 50 ans après de faire polémique et de bousculer le monde du 7e art.

Vers Une Remise En Question Des Pratiques Dans Le Cinéma ?

Cette affaire remet sur le devant de la scène la question du consentement et du traitement des actrices dans l’industrie cinématographique. Si les langues commencent à se délier, beaucoup estiment qu’il reste encore un long chemin à parcourir.

La polémique autour du « Dernier Tango à Paris » intervient d’ailleurs peu après le procès du réalisateur français Christophe Ruggia, accusé d’agressions sexuelles sur la comédienne Adèle Haenel quand elle avait entre 12 et 15 ans. Un symbole fort de ce combat qui s’annonce encore long et semé d’embûches.

Il est temps que le monde du cinéma fasse sa révolution #MeToo. On ne peut plus tolérer ce système qui permet les abus et brise des vies.

– Une membre d’une association féministe

Une chose est sûre, le 7e art n’a pas fini de se remettre en question. Si la liberté de création doit être préservée, elle ne peut se faire au détriment du respect et de la dignité. Un équilibre fragile que le cinéma va devoir apprendre à trouver dans les années à venir, pour que les projecteurs continuent de briller sans brûler celles et ceux qui passent devant.

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