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Sanctions contre la Géorgie : L’UE divisée sur la question

L'UE envisage des sanctions contre la Géorgie suite à la répression des manifestations pro-européennes, mais les 27 sont divisés. Un dossier complexe qui met en lumière les défis de la politique étrangère européenne. Décryptage.

L’Union européenne se retrouve face à un dilemme épineux concernant la situation en Géorgie. Alors que ce pays du Caucase aspire à rejoindre l’UE, la répression des manifestations pro-européennes par les autorités géorgiennes suscite l’indignation à Bruxelles. Face à ces événements préoccupants, la question de sanctions ciblées contre des responsables géorgiens est sur la table. Cependant, les 27 États membres peinent à s’accorder sur la marche à suivre, révélant ainsi les défis de la politique étrangère européenne.

La Géorgie, un partenaire stratégique en proie aux troubles

Ancienne république soviétique, la Géorgie occupe une position géostratégique clé à la frontière entre l’Europe et l’Asie. Depuis plusieurs années, ce pays du Caucase cherche à se rapprocher de l’Union européenne, voyant en elle un gage de stabilité et de prospérité. En décembre 2023, la Géorgie a franchi une étape importante en obtenant le statut de pays candidat à l’adhésion à l’UE. Cependant, les récents événements jettent une ombre sur ce processus.

Selon des sources proches du dossier, le parti au pouvoir en Géorgie, Rêve géorgien, aurait revendiqué la victoire lors des législatives du 26 octobre, qualifiées de « truquées » par l’opposition. Dans la foulée, le gouvernement géorgien a pris la décision controversée de suspendre jusqu’en 2028 toute négociation d’adhésion à l’UE. Cette annonce a provoqué un tollé dans la population, qui y voit une volonté de remettre le pays dans l’orbite de Moscou.

Depuis, des milliers de manifestants pro-européens descendent chaque soir dans les rues de Tbilissi, la capitale géorgienne, pour exprimer leur mécontentement. La réponse des autorités a été brutale, avec des violences dénoncées comme « criminelles » par l’Estonie à l’encontre des manifestants, des journalistes et de l’opposition.

L’UE divisée sur la question des sanctions

Face à cette situation préoccupante, l’Union européenne cherche à faire pression sur le gouvernement géorgien pour qu’il revienne sur sa décision et respecte les aspirations pro-européennes de sa population. L’une des options envisagées est l’adoption de sanctions ciblées contre des personnalités géorgiennes impliquées dans la répression. Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne, a confirmé que des discussions étaient en cours à ce sujet.

Nous avons proposé une liste de sanctions visant des gens (…) qui utilisent la force et la violence contre l’opposition.

Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne

Cependant, l’initiative ne fait pas l’unanimité parmi les 27 États membres. Si la plupart des pays s’inquiètent de la situation et souhaitent agir, la Hongrie s’oppose à toute sanction. Deux autres pays, dont la Slovaquie, se montrent également très réticents. Or, les décisions de l’UE en matière de politique étrangère requièrent l’unanimité, ce qui complique la donne.

De leur côté, les pays baltes ont déjà pris les devants en interdisant l’entrée sur leur territoire de plusieurs responsables géorgiens, dont le ministre de l’Intérieur Vakhtang Gomelauri et l’homme le plus riche de Géorgie, Bidzina Ivanichvili, soupçonné de tirer les ficelles du pouvoir.

Un test pour la crédibilité de l’UE

Au-delà du cas géorgien, ce dossier met en lumière les défis auxquels est confrontée l’Union européenne dans sa politique étrangère. Comment réagir face à un pays candidat qui prend des décisions allant à l’encontre des valeurs européennes ? Comment concilier les différentes sensibilités des États membres tout en envoyant un message clair ?

Pour de nombreux observateurs, la crédibilité de l’UE est en jeu. Une réponse trop timorée risquerait d’être perçue comme un signe de faiblesse et d’encourager d’autres pays à défier Bruxelles. À l’inverse, des sanctions trop sévères pourraient braquer les autorités géorgiennes et compromettre le rapprochement à long terme.

La situation en Géorgie constitue donc un test pour la diplomatie européenne. Les prochaines semaines seront décisives pour voir si les 27 parviendront à surmonter leurs divergences et à adopter une position commune. Une chose est sûre : l’enjeu dépasse largement les frontières de ce petit pays du Caucase. C’est la capacité de l’UE à peser sur la scène internationale et à défendre ses valeurs qui est en question.

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