La nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre s’accompagne d’un changement clé à Matignon. Selon des sources proches du nouveau chef du gouvernement, le haut fonctionnaire Nicolas Pernot a été désigné directeur de cabinet, un rôle stratégique de bras droit.
Un choix dans la continuité pour Bayrou
Nicolas Pernot, 62 ans, n’est pas un inconnu pour François Bayrou. Actuel directeur général des services de la région Grand Est, ce spécialiste des collectivités locales est un proche de longue date du président du MoDem. Sa nomination marque une rupture avec celle de son prédécesseur Jérôme Fournel, issu de la haute fonction publique d’État et réputé proche d’Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée.
Interrogé sur sa feuille de route, Nicolas Pernot a déclaré vouloir « réconcilier l’énergie des collectivités et l’ambition de l’État« . Un credo qui fait écho à la volonté affichée par François Bayrou d’insuffler une nouvelle méthode à la tête du gouvernement.
Les défis qui attendent le nouveau tandem de Matignon
Mais au-delà des déclarations d’intention, le nouveau duo de Matignon va devoir rapidement se confronter aux dossiers brûlants du moment :
- La crise à Mayotte, où le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau est à pied d’œuvre après le passage du cyclone Chido.
- Le report probable de la loi immigration, pourtant portée par Retailleau.
- La dégradation surprise de la note financière de la France par l’agence Moody’s, véritable « avertissement » adressé à Paris pour l’économiste Anne de Guigné.
Autant de signaux inquiétants pour le nouveau locataire de Matignon, dont la nomination a été qualifiée par certains observateurs de « cadeau empoisonné » de la part d’Emmanuel Macron.
François Bayrou, l’homme providentiel ou le premier ministre de trop ?
Malgré ces vents contraires, François Bayrou aborde sa mission avec l’énergie et la détermination qu’on lui connaît. Celui qui s’est imposé à Emmanuel Macron au terme d’un bras de fer politique entend bien imprimer sa marque et sa méthode, quitte à bousculer les habitudes élyséennes.
Une posture volontariste saluée par ses partisans, qui voient en lui l’homme providentiel capable de sortir le pays de l’ornière. Mais ses détracteurs ne manquent pas de souligner les limites d’un « bayrouisme » confronté aux réalités du pouvoir, comme l’analyse le chroniqueur Guillaume Tabard.
Cette coalition d’extrême centre exclut, de fait, le vote des catégories populaires.
Alain-Gérard Slama, philosophe
D’autres encore, à l’instar du philosophe Alain-Gérard Slama, voient dans ce retour du « bayrouisme » au sommet de l’État l’illustration d’une « extrême centre » déconnectée des attentes du peuple. Un constat sévère relayé par Louis Aliot, vice-président du Rassemblement national, qui exhorte François Bayrou à « répondre » aux aspirations des Français sur des sujets comme le pouvoir d’achat ou l’immigration.
Une prophétie de Houellebecq en voie de réalisation ?
Dans ce climat politique électrique, la nomination de François Bayrou n’est pas sans rappeler la prophétie distillée par Michel Houellebecq dans son roman Soumission. L’écrivain y imaginait « ce vieux politicien béarnais » propulsé à Matignon par un président musulman élu en 2022. Une fiction devenue réalité sous certains aspects, non sans une pointe d’ironie du destin.
Ainsi, entre espoirs et inquiétudes, louanges et critiques, François Bayrou s’installe dans le fauteuil de Premier ministre. À ses côtés, Nicolas Pernot en fidèle bras droit. Leur mission : redonner un cap et un élan à un pays plus que jamais divisé et en quête de repères. Le pari est audacieux. Sera-t-il gagnant ? Les prochaines semaines nous le diront.