En ces temps politiques troublés, François Bayrou, fraîchement nommé premier ministre, a entamé ce lundi un véritable marathon de consultations. L’objectif : former un gouvernement capable de naviguer dans les eaux agitées d’une Assemblée nationale privée de majorité claire. Un défi de taille pour le centriste chevronné, qui espère trouver le soutien nécessaire pour éviter la paralysie du pays.
Un casting gouvernemental sous haute tension
Dès 9 heures ce matin, François Bayrou a reçu la présidente du groupe Rassemblement National à l’Assemblée, Marine Le Pen. Un tête-à-tête scruté de près, le RN constituant désormais la première force d’opposition. Si Marine Le Pen a fustigé « une méprisable coalition des contraires », elle a néanmoins assuré qu’elle ne s’opposerait pas « a priori » au futur gouvernement.
S’en sont suivies des rencontres avec les chefs de file de Renaissance, des socialistes, des Républicains… Autant de discussions cruciales pour tenter de bâtir une majorité, ou au moins s’assurer d’une neutralité bienveillante sur des textes clés comme le budget.
Vers une équipe restreinte de « personnalités »
En parallèle de ce jeu d’équilibriste politique, François Bayrou s’active pour constituer son équipe gouvernementale. D’après des sources proches de Matignon, le premier ministre souhaiterait un gouvernement resserré, misant sur des « personnalités d’expérience ». Parmi les figures pressenties, on retrouve notamment l’indéboulonnable Bruno Retailleau à l’Intérieur.
Mais les arbitrages s’annoncent complexes, le casting devant refléter les équilibres politiques sans pour autant verser dans un gouvernement « d’alliance ». Une équation que François Bayrou espère bien résoudre dans les prochaines heures, avant de soumettre sa liste à Emmanuel Macron.
François Bayrou est la bonne personne au bon moment.
Roland Lescure, député Renaissance
L’épineuse question budgétaire en toile de fond
Au-delà de sa composition, c’est bien la feuille de route du futur gouvernement qui cristallise toutes les attentions. Et en premier lieu, la question budgétaire, avec un projet de loi « spécial » qui sera examiné dès lundi à l’Assemblée en l’absence de budget voté pour 2025.
De nombreux parlementaires souhaiteraient en profiter pour indexer le barème de l’impôt sur le revenu. Mais le gouvernement pourrait jouer la montre, le Conseil d’État ayant estimé qu’une telle mesure n’avait pas sa place dans ce texte.
François Bayrou va donc devoir déployer des trésors de persuasion et de négociation pour espérer faire passer ses premières mesures. Un baptême du feu sous haute tension, qui dira si le pari du « dépassement » voulu par Emmanuel Macron peut réellement fonctionner. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir du quinquennat… et du pays.