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Cour constitutionnelle sud-coréenne : vers la destitution du président ?

La Cour constitutionnelle de Corée du Sud entame l'examen de la procédure de destitution du président Yoon Suk Yeol, suspendu pour avoir brièvement imposé la loi martiale début décembre. Une décision qui pourrait prendre jusqu'à 6 mois et mener à une élection présidentielle anticipée si confirmée. Le pays retient son souffle face à cette crise politique majeure...

La Corée du Sud est en ébullition alors que la Cour constitutionnelle du pays a entamé ce lundi l’examen de la procédure de destitution du président Yoon Suk Yeol. Ce dernier avait sidéré la nation début décembre en imposant brièvement la loi martiale, avant de devoir faire machine arrière face à la pression. Une tentative de coup de force qui lui vaut aujourd’hui une possible éviction du pouvoir.

Une première réunion pour fixer le calendrier

La première réunion de la Cour avait pour objectif de discuter du calendrier de la procédure. Car le temps presse pour statuer sur le sort de Yoon Suk Yeol, suspendu de ses fonctions depuis le vote d’une motion de destitution samedi soir par les députés. Les juges disposent d’environ six mois pour rendre leur décision.

Si la destitution est confirmée, Yoon Suk Yeol sera définitivement déchu du pouvoir et une élection présidentielle anticipée devra être organisée dans les deux mois. En attendant, c’est le Premier ministre Han Duck-soo qui assure l’intérim à la tête de l’État.

Retour sur les événements du 3 décembre

Mais que s’est-il passé exactement dans la nuit du 3 au 4 décembre pour en arriver là ? Selon des sources proches du dossier, le président conservateur aurait déclaré soudainement la loi martiale et envoyé l’armée au Parlement, dans le but de museler l’institution. Une tentative de coup de force qui n’aura duré que six petites heures, Yoon Suk Yeol étant contraint de faire marche arrière devant le tollé généralisé.

Pour de nombreux observateurs, les violations de la Constitution et de la loi sont ici flagrantes et l’issue de la procédure ne fait guère de doute. Le président de la Cour, Moon Hyung-bae, a d’ailleurs promis une « procédure rapide et juste ». Les six juges encore en fonction devront statuer à l’unanimité pour entériner la destitution.

Un pays sous tension

Pendant ce temps, la Corée du Sud retient son souffle. Cette crise politique sans précédent intervient dans un contexte déjà tendu, avec les menaces nord-coréennes qui se font de plus en plus pressantes. Le président par intérim Han Duck-soo a tenté de rassurer en promettant une « gouvernance stable » le temps de la procédure.

Mais nul doute que ces prochains mois seront décisifs pour l’avenir du pays. Si la destitution est confirmée, tous les regards se tourneront vers Lee Jae-myung, chef de l’opposition qui avait perdu d’un cheveu face à Yoon Suk Yeol lors de la présidentielle de 2022. Une revanche en vue ?

Un précédent en 2017

La Corée du Sud a déjà connu une destitution présidentielle en 2017, celle de Park Geun-hye, éclaboussée par un retentissant scandale de corruption et de trafic d’influence. Confirmée par la Cour constitutionnelle, sa destitution avait conduit à une élection anticipée remportée par le progressiste Moon Jae-in.

Ironie de l’histoire, c’est justement pour s’opposer à la politique de ce dernier que le conservateur Yoon Suk Yeol avait été élu en 2022. Mais son mandat aura été de courte durée. Reste à savoir qui les Sud-Coréens choisiront cette fois si une nouvelle élection se profile. Le pays va-t-il poursuivre sa valse politique ?

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