Lors du sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja ce dimanche, les chefs d’État ont tenté une ultime manœuvre diplomatique pour dissuader les juntes militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger de quitter définitivement l’organisation régionale. Un départ qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur la stabilité et la sécurité de la région.
Une période de transition pour maintenir le dialogue
Consciente des enjeux, la CEDEAO a décidé d’accorder un délai supplémentaire aux trois pays, avec une « période de transition » courant jusqu’au 29 juillet 2025. L’objectif est clair : « maintenir les portes de la CEDEAO ouvertes » et encourager un retour des pays dissidents au sein de l’organisation, comme l’a souligné Omar Touray, président de la Commission de la CEDEAO.
Des médiateurs de haut niveau mobilisés
Pour tenter d’apaiser les tensions, plusieurs chefs d’État de la région se sont impliqués personnellement dans les efforts de médiation. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et son homologue togolais Faure Gnassingbé ont ainsi multiplié les contacts avec les dirigeants des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) ces derniers mois. Leur mandat a été prolongé lors du sommet d’Abuja pour poursuivre ce travail crucial de diplomatie.
Les enjeux sécuritaires au cœur des préoccupations
Au-delà des considérations politiques, c’est bien la dégradation de la situation sécuritaire qui inquiète les dirigeants ouest-africains. Avec la montée en puissance des groupes jihadistes dans la région, une coopération renforcée apparaît plus que jamais nécessaire. Un impératif dont les chefs d’état-major du Nigeria et du Niger ont pris la mesure, en se rencontrant fin août pour renforcer leur coordination.
Des conséquences économiques redoutées
Le départ du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO pourrait également avoir un impact économique significatif. La libre circulation des personnes et des biens, pilier de l’intégration régionale, risque d’être remise en cause. Une perspective qui alarme les acteurs économiques, dans une zone déjà fragilisée par les crises sécuritaire et sanitaire.
La Guinée, un autre défi pour la CEDEAO
Autre sujet de préoccupation pour la CEDEAO : la situation en Guinée, elle aussi dirigée par une junte militaire depuis 2021. Malgré un engagement initial à organiser des élections d’ici fin 2024, les autorités de Conakry ont reconnu qu’elles ne tiendraient pas cet engagement. Un nouveau défi pour l’organisation régionale, qui doit composer avec des pouvoirs réfractaires à son influence.
Un avenir incertain
Malgré les efforts de médiation déployés, l’avenir des relations entre la CEDEAO et les juntes militaires du Sahel reste incertain. Si les dirigeants ouest-africains espèrent toujours un retour à la normale, le chemin s’annonce long et semé d’embûches. Car au-delà des questions de gouvernance, c’est bien la souveraineté des États et le modèle d’intégration régionale qui sont en jeu.
Une chose est sûre : la CEDEAO joue son va-tout diplomatique pour préserver son unité et son influence dans une région sous haute tension. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si cette stratégie portera ses fruits, ou si au contraire elle marquera un tournant dans l’histoire tumultueuse de l’Afrique de l’Ouest.