Un coup dur pour le processus de paix en République démocratique du Congo. Le tant attendu sommet de Luanda, qui devait réunir ce dimanche les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi sous l’égide du médiateur angolais, a été annulé à la dernière minute. Un échec que le Rwanda attribue à « l’intransigeance » de la partie congolaise dans les négociations préalables.
Un dialogue de sourds entre Kigali et Kinshasa
Selon le ministre rwandais des affaires étrangères Olivier Nduhungirehe, ce sommet « n’était plus pertinent » car le gouvernement de la RDC a refusé catégoriquement toute idée de dialogue direct avec les rebelles du M23, un groupe armé actif dans l’est congolais et soutenu par le Rwanda. Kinshasa considère en effet le M23 comme une organisation « terroriste » et un « ennemi de la République », rendant inenvisageable des pourparlers.
Du côté rwandais, on souligne pourtant que le Congo avait initialement accepté le principe d’un dialogue avec le M23, avant de se rétracter. « Lorsque nous sommes arrivés ici (à Luanda) en tant que ministres, un ministre de la RDC a catégoriquement rejeté toute idée de dialogue avec le M23 », a déploré M. Nduhungirehe. Face à ce blocage, neuf heures de discussions entre diplomates n’ont pas suffi à rapprocher les positions et sauver le sommet.
L’est de la RDC, épicentre des tensions
Ce revers diplomatique intervient alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader dans l’est de la RDC. Depuis plus d’un an, le M23 a pris le contrôle de vastes pans de territoire dans cette région riche en minerais et théâtre de violences depuis trois décennies. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement cette rébellion, tandis que Kigali dément et dénonce la présence de groupes hostiles au Rwanda sur le sol congolais.
Si les ministres ne sont pas d’accord, en raison de l’intransigeance de la délégation de la RDC, quelle serait la pertinence de ce sommet?
Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des affaires étrangères
Pour tenter de désamorcer ces tensions, le président angolais Joao Lourenço avait été mandaté comme médiateur par l’Union africaine. Mais l’annulation du sommet de Luanda montre les limites de cette médiation et la difficulté de rapprocher des voisins aux relations empoisonnées par des décennies de défiance et de conflits.
Vers une escalade militaire?
L’échec des pourparlers et la persistance de profondes divergences font craindre une escalade militaire dans les prochaines semaines. Alors que la RDC exige un retrait inconditionnel du M23 et menace d’une offensive, le Rwanda met en garde contre toute attaque visant ses intérêts ou ceux de la communauté rwandophone vivant dans l’est congolais.
Pour sortir de l’impasse, le Rwanda appelle à une reprise des consultations entre les facilitateurs, le M23 et le gouvernement congolais afin de trouver un langage commun et une voie concrète vers le dialogue et la désescalade. Un vœu qui semble difficile à exaucer au vu du climat actuel, mais vital pour éviter un embrasement régional aux conséquences potentiellement dévastatrices.
Alors que la communauté internationale appelle à la retenue, tous les regards sont désormais tournés vers Kinshasa et Kigali pour savoir si la raison l’emportera sur les armes. L’avenir de millions de civils dans l’est de la RDC, pris en étau entre rebelles, armées et milices, en dépend.