C’est une affaire qui soulève l’indignation des défenseurs des droits humains. Ahmed Fathi Kamal Kamel, un ressortissant égyptien de 33 ans et père de deux enfants, a été arrêté le 13 novembre dernier par les autorités saoudiennes dans la ville côtière de Djeddah. Son crime ? Avoir été soupçonné d’implication dans des manifestations contre le gouvernement égyptien en 2014, suite au renversement de l’ancien président Mohammed Morsi par l’actuel dirigeant Abdel Fattah al-Sisi.
Selon son épouse Sherine, l’arrestation d’Ahmed fait suite à un mandat d’arrêt lié à une condamnation par contumace à la prison à vie prononcée par un tribunal égyptien en 2021. Une peine qui semble disproportionnée au regard des faits reprochés, à savoir une simple participation à des rassemblements de protestation.
Un risque élevé de torture en cas d’extradition
Mais le pire reste peut-être à venir pour Ahmed. En effet, son épouse a reçu un message indiquant qu’un visa de sortie définitif avait été délivré, ce qui suggère fortement qu’une procédure d’extradition vers l’Égypte est en cours. Or, Ahmed avait précédemment témoigné avoir subi des actes de torture lors d’une précédente arrestation dans son pays d’origine, avant d’être libéré sous caution et de s’installer en Arabie Saoudite en 2014.
D’après Amnesty International, les risques qu’encourt Ahmed en cas de retour forcé en Égypte sont très élevés : « Ahmed Fathi Kamal Kamel risque fort probablement d’être victime de torture et de persécution de la part des autorités égyptiennes en raison de ses opinions politiques », a alerté l’ONG, soulignant qu’une telle extradition « constituerait une violation claire du principe de non-refoulement inscrit dans le droit international ».
L’Arabie Saoudite soutient la répression en Égypte
Malheureusement, les chances de voir les autorités saoudiennes renoncer à livrer Ahmed à ses bourreaux semblent minces. Le royaume wahhabite est en effet un fervent soutien du président Sissi depuis que celui-ci a renversé son prédécesseur issu des Frères musulmans. Et ce malgré les accusations de répression de la dissidence qui pèsent sur le régime égyptien.
Selon les estimations des organisations de défense des droits humains, il y aurait actuellement des dizaines de milliers de prisonniers politiques croupissant dans les geôles égyptiennes, victimes d’un système carcéral cruel et arbitraire. Des allégations vigoureusement démenties par Le Caire, qui affirme lutter contre le terrorisme et les tentatives de déstabilisation du pays.
La communauté internationale doit se mobiliser
Face à l’urgence de la situation, les proches d’Ahmed et les militants des droits humains appellent la communauté internationale à se mobiliser pour empêcher son extradition. Chaque heure qui passe rapproche un peu plus cet homme innocent d’un destin funeste entre les mains de ses persécuteurs.
Il est temps que les grandes puissances et les institutions multilatérales fassent entendre leur voix pour rappeler à l’Arabie Saoudite et à l’Égypte leurs obligations en matière de respect des droits fondamentaux. Aucun intérêt géopolitique ou économique ne saurait justifier qu’on abandonne un être humain à la barbarie de la torture.
Ahmed et sa famille ont besoin de notre solidarité et de notre vigilance. Ne les laissons pas seuls face à l’innommable. Signez les pétitions, interpellez vos élus, relayez son histoire sur les réseaux sociaux. Unissons nos forces pour qu’Ahmed puisse retrouver la liberté et la sécurité auxquelles il a droit. Ensemble, nous pouvons encore inverser le cours de ce qui s’annonce comme une tragédie annoncée.
