Pour la première fois depuis plus d’une décennie, la France va dépêcher une mission diplomatique en Syrie ce mardi. Cette délégation, composée de quatre diplomates, aura pour objectif de renouer le dialogue avec les nouvelles autorités syriennes après le renversement du régime de Bachar al-Assad en décembre dernier. Une initiative qui soulève de nombreux enjeux pour l’avenir de ce pays déchiré par des années de conflit.
Reprendre pied en Syrie et évaluer la situation
Selon le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, cette mission aura plusieurs objectifs clés. Il s’agira tout d’abord pour la France de « reprendre possession de [ses] emprises sur place » après 12 années d’absence. Les diplomates devront également « établir de premiers contacts » avec le nouveau pouvoir en place à Damas et « mesurer les besoins urgents de la population » syrienne sur le plan humanitaire.
En parallèle, la délégation française cherchera à « vérifier si les déclarations de cette nouvelle autorité plutôt encourageante […] sont bien suivies d’effet sur le terrain ». Le nouveau Premier ministre syrien de transition, Mohammad al-Bachir, a en effet promis d’instaurer un État de droit et de « garantir les droits de tous ». Des engagements qui restent à confirmer selon Paris.
Les conditions d’un dialogue avec le nouveau pouvoir syrien
Ce week-end, Jean-Noël Barrot s’est rendu à Aqaba en Jordanie pour une rencontre internationale sur la transition syrienne. L’occasion de définir les conditions auxquelles la communauté internationale est prête à dialoguer avec les nouveaux maîtres de Damas, à savoir :
- Le respect des minorités et des droits de l’homme, en particulier ceux des femmes
- L’absence de toute exaction
- La lutte contre Daesh et le terrorisme
Le chef de la diplomatie française a toutefois prévenu : « Vis-à-vis des nouvelles autorités à Damas nous n’avons aucune naïveté, nous connaissons le passé de certains de ces groupes islamistes ». La France suivra donc cette période de transition « avec beaucoup de vigilance ».
Réconciliation nationale et aide humanitaire comme priorités
Sur le plan politique, Jean-Noël Barrot a appelé à ce que « les autorités de fait cèdent la place à une autorité de transition qui soit représentative de l’ensemble des confessions, des communautés de la Syrie ». L’objectif étant de « progressivement faire avancer la Syrie vers une nouvelle Constitution et à terme vers des élections ».
Enfin, la France entend se mobiliser « de manière inconditionnelle » pour que l’aide humanitaire « continue à parvenir aux Syriens qui en ont besoin ». Après des années de guerre, le pays fait face à d’importants défis avec de nombreux déplacés et une situation humanitaire catastrophique.
Cette mission diplomatique française marque donc un tournant dans les relations entre Paris et Damas. Si de nombreuses questions restent en suspens quant à l’évolution de la situation en Syrie, ce premier pas ouvre la voie à une normalisation progressive des liens entre les deux pays. Une étape cruciale pour tenter de ramener la stabilité dans une région minée par les conflits.