En pleine campagne des élections européennes, la tension est à son comble entre les différents candidats. Dernier épisode en date : l’irruption surprise du Premier ministre Gabriel Attal lors d’un débat radiophonique, pour voler au secours de Valérie Hayer, tête de liste de la majorité présidentielle. Une intervention vivement dénoncée par François-Xavier Bellamy, candidat des Républicains, qui y voit une ingérence inacceptable de l’exécutif et une rupture d’égalité entre les prétendants.
Quand Attal débarque pour soutenir Hayer
C’est un débat qui restera dans les annales. Ce lundi matin, les principales têtes de liste aux européennes étaient réunies dans l’auditorium de Radio France pour confronter leurs programmes et visions de l’Europe. Mais c’était sans compter sur un invité surprise de dernière minute : Gabriel Attal himself, débarquant tout sourire pour épauler Valérie Hayer. « Je suis désolé, je fais irruption sur la scène », s’est excusé le Premier ministre, expliquant qu’il était « important pour [lui] de venir encourager Valérie à un moment où les élections européennes approchent ». Un soutien fortement décrié par ses adversaires politiques.
Bellamy crie au scandale
En premier lieu par François-Xavier Bellamy. Interrogé dans la foulée, l’eurodéputé LR n’a pas mâché ses mots pour fustiger ce qu’il considère comme une ingérence intolérable dans la campagne :
Chez nous, ce sont les candidats qui font campagne. […] J’ai du respect pour Valérie Hayer : quand on a une candidate et qu’elle est tête de liste, la moindre des choses, c’est de laisser la candidate faire campagne.
François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes
Au-delà de l’aspect cavalier de la méthode, Bellamy s’insurge surtout d’une rupture d’égalité et d’un dévoiement des règles démocratiques. « J’aimerais bien comprendre comment ça se passe concrètement : vous avez le Premier ministre dans le couloir qui dit “J’ai envie de passer à la radio sur le service public, allez hop, j’arrive !” ? C’est comme ça que ça se passe ? », a-t-il interrogé, amer. Et de poursuivre : « Comme le président de la République qui dit : “Voilà j’ai envie de parler jeudi, 24 heures avant de la campagne officielle, je prends tous les JT” ! ».
Le spectre du débat Bardella/Attal
Une allusion à peine voilée à l’autre polémique qui agite la campagne européenne : le débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella organisé sur France 2 il y a dix jours. Un duel jugé déséquilibré et déloyal par de nombreux candidats, du fait de la notoriété du Premier ministre par rapport au président par intérim du RN. François-Xavier Bellamy, qui avait déjà vivement dénoncé ce face-à-face, en a remis une couche :
Il y a un côté un peu macho là-dedans. Comme si Valérie Hayer n’était pas capable de faire campagne ! […] Mais franchement, ça s’arrête quand ce spectacle ?
François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes
Avant de conclure par un vibrant appel aux journalistes et au régulateur de l’audiovisuel : « Je veux parler à tous les journalistes de ce pays : est-il normal qu’en pleine campagne, on ait une telle confusion des rôles, que l’exécutif passe son temps à saturer l’espace médiatique ? ». L’eurodéputé LR a d’ailleurs révélé dans la foulée que son parti avait saisi l’Arcom pour rétablir l’égalité de traitement entre les candidats, à l’image de ce qu’a fait le régulateur transalpin en interdisant un débat entre Giorgia Meloni et la cheffe de l’opposition.
Une campagne sous tension
Cet énième coup de sang de François-Xavier Bellamy est symptomatique d’une campagne européenne particulièrement électrique et conflictuelle. Entre accusations de déni de démocratie, dénonciations de connivences et règlements de compte par médias interposés, le climat est plus que jamais à la tension entre les différentes têtes de liste. Avec, en toile de fond, des sondages qui donnent les candidates du RN et de la majorité présidentielle au coude-à-coude, loin devant leurs poursuivants.
Dans ce contexte, chaque prise de parole, chaque temps d’antenne accordé revêt une importance capitale. Ce qui explique la vindicte de Bellamy et de certains de ses concurrents face à ce qu’ils estiment être un dévoiement des règles du jeu démocratique. Reste à savoir si ces coups de pression suffiront à endiguer ce qu’ils dénoncent comme une « confusion des rôles » et une omniprésence de l’exécutif dans la séquence électorale. Réponse dans les urnes le 9 juin prochain.