Une catastrophe maritime et écologique s’est produite ce dimanche matin dans le détroit de Kertch, qui sépare la mer d’Azov de la mer Noire, à seulement 8 kilomètres des côtes de la Crimée annexée par la Russie. Deux pétroliers russes transportant plusieurs milliers de tonnes de produits pétroliers ont subi de graves avaries en raison du mauvais temps. Les images publiées par les médias russes montrent des navires à moitié submergés par les flots déchaînés et font craindre le pire : un naufrage et une marée noire de grande ampleur.
Un mort et des marins portés disparus
Selon les autorités russes, le tanker Volgoneft 212, long de 136 mètres, se serait échoué après s’être brisé en deux au niveau de sa proue. Son sistership le Volgoneft 239 serait lui à la dérive. Les deux navires mis en service dans les années 70 étaient en mauvais état. Sur les 29 membres d’équipage au total, un marin est décédé, 13 ont pu être secourus du Volgoneft 212 mais le sort des autres reste inconnu à cette heure.
Course contre la montre pour éviter une catastrophe écologique
L’accident a déjà provoqué une fuite de carburant, formant des nappes noirâtres à la surface de l’eau. D’après une source proche du dossier, le Volgoneft 212 transportait plus de 4000 tonnes de fuel lourd, un produit extrêmement polluant. Les secours ont dépêché sur place des remorqueurs, un hélicoptère et des dizaines de sauveteurs pour tenter de pomper les hydrocarbures et d’éviter une marée noire à grande échelle. Une véritable course contre la montre s’est engagée.
Si les cuves venaient à se rompre, les dégâts environnementaux seraient considérables et mettraient des années à se résorber.
Un expert en pollution maritime
Le détroit de Kertch, un point stratégique sous haute tension
Au-delà du drame humain et écologique, cet accident met en lumière l’importance stratégique du détroit de Kertch. Passage obligé entre la mer Noire et la mer d’Azov entièrement contrôlée par Moscou, il voit transiter de nombreux navires commerciaux russes chargés d’hydrocarbures ou de céréales, y compris des marchandises pillées en Ukraine.
Depuis le début du conflit, le détroit a déjà été le théâtre d’incidents et d’attaques. Environ 20% des navires de guerre russes y ont été endommagés ou coulés par les forces ukrainiennes. Kiev a aussi tenté à plusieurs reprises de détruire le pont de Kertch qui relie la Russie à sa péninsule annexée.
Pour l’heure, ni Moscou ni Kiev n’ont toutefois revendiqué ou évoqué une quelconque implication dans l’avarie des deux pétroliers russes. Le parquet russe a ouvert deux enquêtes pour « violation des règles de sécurité » du transport maritime. La catastrophe semble avant tout due à la vétusté des navires et aux conditions de navigation périlleuses.
Les leçons à tirer de ce naufrage
Au-delà de son caractère spectaculaire et tragique, le naufrage des pétroliers russes dans le détroit de Kertch doit nous alerter à plusieurs titres:
- Il rappelle la dangerosité du transport maritime des hydrocarbures, surtout avec des navires anciens. Le risque zéro n’existe pas.
- Il montre la fragilité des écosystèmes marins face aux marées noires. Les dégâts peuvent être irréversibles.
- Il souligne les lourds impacts collatéraux de la guerre en Ukraine, y compris loin du front.
- Il illustre les tensions géopolitiques que cristallise le contrôle des détroits stratégiques, partout dans le monde.
Espérons que les secours parviendront à sauver les marins disparus et à contenir la pollution. Mais gardons aussi à l’esprit les leçons de ce drame évitable. Notre dépendance au pétrole a un coût humain et environnemental exorbitant. Il est plus que temps d’en sortir et de pacifier les relations internationales. L’avenir de notre planète et de l’humanité en dépend.