Depuis peu, la SNCF est confrontée à un ennemi d’un genre nouveau sur son réseau ferroviaire des Pays de la Loire : une végétation en plein essor qui profite de l’arrêt du glyphosate pour envahir les abords des voies. Dans le même temps, les massifs forestiers ferroviaires voient leurs populations de sangliers exploser. Le cocktail parfait pour générer des retards records et de nombreux dégâts.
400 heures de retards imputées à Dame Nature
D’après des sources proches de la SNCF, plus de 400 heures cumulées de retard ont été enregistrées en 2024 sur le réseau ligéro-breton, un chiffre qui a doublé par rapport à l’an passé. En cause : chutes d’arbres et de branchages sur les voies, mais surtout une flore de plus en plus dense qui offre le couvert idéal à une faune envahissante, notamment les sangliers.
Le climat doux et humide de la région cette année, couplé à l’abandon du controversé herbicide glyphosate, serait le principal facteur de cette expansion verte incontrôlée. La SNCF doit désormais consacrer bien plus de moyens humains et financiers à l’entretien des abords des 1500 km de voies par débroussaillage mécanique. Un travail de titan.
Des massifs forestiers en pleine croissance
Le constat est sans appel : les « forêts ferroviaires » prennent de l’ampleur à vitesse grand V. Sous-bois inextricables, ronciers impénétrables, arbres touffus… Un eldorado vert pour la faune sauvage et un casse-tête pour les équipes de maintenance. Les principales victimes collatérales de ce phénomène sont les usagers, qui doivent composer avec des retards à répétition causés par la chute de végétation sur les voies.
Les pluies et les tempêtes à répétition fragilisent de nombreux arbres le long des voies. Il s’agit de préoccupations croissantes que nous prenons à bras-le-corps.
Un responsable régional de la SNCF
Quand les sangliers prennent le train en otage
Mais la verdure n’est pas seule en cause. Ses fourrés généreux abritent aussi des hardes de sangliers de plus en plus nombreuses. Ces mammifères en pleine recrudescence n’hésitent plus à s’aventurer sur les voies, causant des collisions à répétition avec les trains. Outre les retards importants que cela engendre, les dégâts matériels sont conséquents pour la SNCF.
Pour tenter d’endiguer le phénomène, la SNCF a dû se résoudre à des méthodes radicales, en faisant appel aux chasseurs locaux pour des battues « chirurgicales » visant à réguler les populations de sangliers le long des voies. Une décision qui ne fait pas l’unanimité, mais rendue nécessaire par l’ampleur de la situation.
Chronique d’un bras de fer inégal
Dans ce bras de fer entre la SNCF et la nature ligérienne, difficile de prédire qui sortira vainqueur. Le groupe ferroviaire, qui a vu son budget « végétation » local passer de 5,1 à 7,3 millions d’euros, semble pour l’heure à la peine. D’autant que les interventions les plus lourdes ne peuvent avoir lieu qu’en dehors des périodes de nidification des oiseaux.
Le tronçon entre Le Cellier et Oudon, sur la ligne Nantes-Angers, cristallise toutes les difficultés. Situé en plein cœur d’un relief escarpé et boisé, il cumule les handicaps et monopolise une part importante des moyens déployés, dont des équipes de cordistes pour sécuriser les parois rocheuses.
Face à cette lutte d’un genre nouveau, la SNCF peine encore à trouver la parade. Si les voyageurs devront sans doute s’habituer à cohabiter avec Dame Nature, l’entreprise publique n’a pas dit son dernier mot et compte bien redoubler d’efforts pour garder le contrôle de son réseau. Quitte à devoir repenser en profondeur ses méthodes d’entretien des voies et leurs abords.