La côte syrienne, fief de l’ancien président Bachar al-Assad, a été le théâtre de violents affrontements ce samedi. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et un membre de la faction impliquée, au moins quatre combattants du groupe islamiste proturc Faylaq al-Cham, appartenant à la coalition au pouvoir à Damas, ont trouvé la mort dans une embuscade près de Lattaquié.
D’après les informations recueillies, des individus loyalistes au régime déchu auraient tendu un piège aux combattants islamistes alors que ces derniers effectuaient une patrouille près d’une villa appartenant à un proche de Bachar al-Assad, connu pour être un trafiquant de captagon, une drogue de la famille des amphétamines. L’OSDH rapporte également que les assaillants se seraient livrés à des pillages dans les sites, casernes et institutions abandonnés suite à la chute du régime Assad.
La coalition au pouvoir réagit en envoyant des renforts
Face à cette attaque, la coalition menée par les islamistes qui dirige actuellement le pays a rapidement réagi en annonçant l’envoi « d’importants renforts vers les alentours de Lattaquié, Tartous et Jablé », les principales villes de la région côtière, bastion de la minorité alaouite dont est issu l’ancien président syrien. Dans un message diffusé sur Telegram, la coalition a rappelé qu’il était « strictement interdit de porter des armes à Lattaquié » et que les forces présentes sur place s’efforçaient de régler la situation et de demander des comptes aux auteurs de ces actes.
Les autorités appellent au calme et à la restitution des biens
Devant les inquiétudes des habitants de la région, caractérisée par la coexistence de plusieurs composantes du peuple syrien, les nouvelles autorités ont mis en place dès samedi un numéro vert pour recueillir les signalements à Tartous et Lattaquié. Elles ont également lancé un appel à « toute personne s’étant emparée de biens publics » afin qu’elle les restitue « dans un délai maximal de sept jours ».
Quelques jours plus tôt, la coalition avait déjà enjoint « les formations militaires et les civils » de la côte syrienne à ne pas s’approprier les équipements, armes ou véhicules publics, sous peine de sanctions. Ces événements mettent en lumière les défis sécuritaires et les tensions communautaires qui persistent dans certaines régions de Syrie, malgré le changement de régime intervenu après des années de guerre civile dévastatrice.
Un contexte de transition fragile
Si la chute de Bachar al-Assad a marqué un tournant majeur, le pays reste profondément divisé et fragilisé par les séquelles du conflit. Le nouveau pouvoir, dominé par les factions islamistes, doit encore asseoir son autorité sur l’ensemble du territoire et faire face aux multiples défis sécuritaires, économiques et sociaux hérités de la guerre.
Dans ce contexte de transition, les affrontements sporadiques et les actes de pillage commis par des éléments incontrôlés rappellent la nécessité pour les nouvelles autorités de rétablir l’ordre et l’état de droit, tout en œuvrant au démantèlement des réseaux criminels qui profitent du chaos ambiant, à l’image des trafiquants de drogue gravitant autour de l’ancien régime.
Au-delà des enjeux sécuritaires immédiats, c’est aussi la question de la reconciliation nationale et du vivre-ensemble qui se pose avec acuité. Les appels au calme lancés par la coalition et les mesures prises pour apaiser les tensions montrent que les dirigeants sont conscients de la fragmentation de la société syrienne et de la méfiance qui règne entre les différentes composantes de la population.
Il faudra du temps et une volonté politique forte pour cicatriser les plaies, dépasser les clivages communautaires et construire une Syrie unie et apaisée sur les ruines de la guerre. Les incidents qui ont endeuillé la côte ce week-end sont un douloureux rappel de l’ampleur de la tâche qui attend le pays dans les années à venir.
