Le président américain élu Donald Trump vient de procéder à une nomination surprenante au sein de son administration. Devin Nunes, actuellement directeur général du réseau social de Trump Truth Social, a été désigné pour occuper un poste de conseiller spécial à la Maison Blanche dédié au renseignement. Cette décision soulève de nombreuses interrogations sur l’influence grandissante de l’entourage proche de Trump dans les arcanes du pouvoir à Washington.
Un fidèle de Trump propulsé dans les hautes sphères du renseignement
Devin Nunes, 49 ans, est un fervent supporter de Donald Trump. Élu de Californie à la Chambre des représentants pendant près de 20 ans, il s’était fait remarquer lors du premier mandat de Trump en présidant la commission du renseignement de la chambre basse du Congrès. À ce poste, il avait activement défendu le président, accusant notamment le FBI d’abus de pouvoir dans l’enquête sur l’ingérence russe dans la présidentielle de 2016.
En mars 2022, Nunes avait quitté le Congrès pour prendre la tête de Trump Media & Technology Group et de sa plateforme Truth Social. Lancé après l’éviction de Trump des réseaux sociaux traditionnels suite à l’assaut du Capitole, Truth Social se veut le porte-voix de la droite américaine trumpiste.
« Devin utilisera son expérience en tant qu’ancien président de la commission du renseignement et son rôle dans la révélation du canular russe pour me fournir des évaluations indépendantes sur l’efficacité des activités de renseignement américaines »
– a déclaré Donald Trump pour justifier ce choix.
Les périmètres exacts de la mission de Nunes restent flous
D’après le communiqué de l’équipe de transition présidentielle de Trump, Devin Nunes dirigera un comité consultatif auprès du président, chargé de superviser le travail de la communauté du renseignement américain. Une mission aux contours pour le moins vagues, qui interroge sur l’étendue réelle des pouvoirs de ce conseiller très spécial.
Les agences de renseignement américaines, la CIA en tête, sont traditionnellement jalouses de leur indépendance. Elles pourraient voir d’un mauvais œil l’arrivée d’un politicien partisan aussi proche de Trump pour chapeauter leurs activités, d’autant que Nunes a souvent critiqué leurs travaux par le passé lorsqu’ils ne servaient pas les intérêts de l’ex-président.
Une reprise en main trumpiste des services de renseignement ?
La nomination de Nunes fait suite à une autre décision polémique de Trump, celle de confier la direction du FBI à Kash Patel, un fidèle parmi les fidèles, connu pour ses positions très critiques envers le bureau sous l’ère démocrate. Avec ces deux nominations, Trump place des hommes de confiance aux postes clés du renseignement et de la police fédérale.
« Trump veut s’entourer d’une garde rapprochée pour contrôler l’appareil sécuritaire. Il prépare sa revanche et ne veut plus subir ce qu’il considère comme un ‘État profond’ qui complote contre lui »
– estime un ancien membre de la CIA sous couvert d’anonymat.
Contactée, l’équipe de transition de Trump n’a pas donné suite à nos demandes d’interviews pour clarifier le rôle précis qu’aura Devin Nunes à la Maison Blanche et ses relations à venir avec les divers services de renseignement. Une opacité qui renforce les craintes d’une reprise en main par le clan Trump de cet univers-clé du pouvoir.
Un signal politique fort en direction de la base trumpiste
Plus qu’un choix technique, la désignation de Devin Nunes apparaît comme un signal politique fort envoyé par Trump à son camp. En récompensant la loyauté de ce lieutenant de longue date, promu de Truth Social à la Maison Blanche, le président élu flatte son électorat le plus radical.
« Devin n’a jamais failli, il croit comme moi que l’Amérique est assiégée par des forces qui veulent la détruire de l’intérieur. Au renseignement, il sera mes yeux et mes oreilles. Il remettra de l’ordre! »
– s’est félicité Trump dans un message sur Truth Social.
Un message qui fait écho aux thèses complotistes relayées par Nunes depuis des années sur la plateforme de « vérité alternative ». Ses détracteurs craignent qu’il n’importe ces postures radicales au sein de l’exécutif américain, au risque de politiser le renseignement.
Les démocrates s’inquiètent des dérives partisanes
Du côté démocrate, les critiques fusent déjà contre ce que beaucoup considèrent comme une dangereuse dérive. « Placer un ultra-partisan comme Nunes dans un rôle de supervision du renseignement, c’est la porte ouverte à toutes les dérives. Trump poursuit sa mainmise sur notre démocratie » a dénoncé un député démocrate de la commission sur le renseignement.
Certains élus envisagent même une procédure pour bloquer cette nomination. Mais la majorité républicaine au Congrès rend cette option très improbable. Sauf scandale de dernière minute, Devin Nunes devrait bel et bien s’installer dans le Bureau ovale pour y chuchoter à l’oreille de Donald Trump pendant les 4 prochaines années. Le renseignement américain entre dans une ère incertaine.
