Au procès très médiatisé des viols de Mazan qui s’est tenu dans le Vaucluse, les avocats de la défense ont dépeint l’accusé principal, Dominique Pelicot, comme « un ogre dévoré par ses pulsions ». Pendant deux semaines, pas moins de trente-sept avocats se sont relayés à la barre pour défendre les cinquante et un accusés impliqués dans cette sordide affaire.
Une défense axée sur l’individualisation des peines
Tout au long des débats, les avocats de la défense ont martelé un message clair : chaque accusé doit être jugé individuellement, en fonction de son degré d’implication et de sa personnalité propre. Ils ont mis en garde la cour contre la tentation de faire un « procès de groupe » qui nierait la singularité de chaque cas.
On ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac. Chaque accusé a son histoire, ses circonstances. La justice doit en tenir compte.
– Maître Louis-Alain Lemaire, avocat de la défense
Dominique Pelicot, « l’ogre » au centre de l’affaire
Si les avocats ont plaidé pour une approche nuancée, ils n’ont pas ménagé Dominique Pelicot, présenté comme le principal instigateur des viols. Dépeint comme un « ogre » et un « prédateur sexuel », Pelicot a concentré les critiques les plus acerbes de la défense, qui l’a accusé d’avoir entraîné les autres dans son sillage malsain.
Dominique Pelicot est un manipulateur qui a profité de la faiblesse et de la naïveté de certains accusés. Il les a entraînés dans une spirale perverse dont ils n’ont pas su se dégager.
– Un avocat de la défense s’exprimant sous couvert d’anonymat
Des réquisitions jugées « disproportionnées » par la défense
Face aux lourdes peines requises par le parquet, allant de 4 à 18 ans de prison pour les coaccusés de Pelicot, la défense a crié à la disproportion. Selon eux, ces réquisitions ne tiennent pas suffisamment compte des profils et des responsabilités très diverses des accusés.
- 30 avocats ont plaidé pour des peines moins sévères
- Ils dénoncent un « diktat de l’opinion publique » et une approche trop globalisante
- La défense appelle à un « sursaut d’individualisation » dans le rendu de la décision
Une pression médiatique et populaire pesante
Au-delà des faits eux-mêmes, le procès de Mazan a été marqué par une forte pression médiatique et un emballement de l’opinion publique. Les avocats de la défense ont dénoncé le poids de cette « vox populi » qui rendrait difficile un jugement serein et équitable.
Dans un tel contexte de surexposition médiatique, il est très compliqué de garder la tête froide et de juger en toute impartialité. Nous demandons à la cour de s’abstraire de cette pression.
– Maître Jeanne Duval, avocate de la défense
Au terme de deux semaines d’un procès éprouvant, la défense aura tout tenté pour obtenir des peines mesurées et individualisées pour les accusés. Reste à savoir si la cour suivra ses arguments ou si elle cédera à la tentation d’une condamnation générale et sévère, comme le réclame une partie de l’opinion. Le délibéré, très attendu, devrait être rendu d’ici quelques semaines.