Samedi, à Séoul, un rassemblement inhabituel s’est tenu en plein cœur de la capitale de la Corée du Sud, sous un froid glacial. Des partisans fidèles et inconditionnels du président Yoon Suk Yeol se sont réunis pour le soutenir, en dépit des menaces de destitution qui pèsent sur lui. Ces soutiens, animés par de vives théories du complot, semblent prêts à tout pour défendre leur leader, quitte à défier les institutions démocratiques du pays.
Une destitution quasi-inévitable
Après sa tentative avortée d’imposer la loi martiale il y a 11 jours, le président Yoon Suk Yeol fait face à une procédure de destitution initiée par l’opposition. Un sondage récent indique que plus de 75% des Sud-Coréens souhaitent son éviction. Malgré le rejet massif du Parlement et les manifestations exigeant sa démission, il a échappé de justesse à une première motion de censure. Mais un second vote, prévu ce samedi, risque fort de sceller son sort.
Des soutiens imperméables aux critiques
Pourtant, rien ne semble ébranler la foi des partisans de Yoon Suk Yeol qui continuent de le défendre bec et ongles. Persuadés que des élections précédentes, notamment les législatives remportées par l’opposition, ont été truquées, ils approuvent sans réserve chacune des décisions controversées de leur champion. Comme l’affirme Choi Hee-sun, 62 ans : « Il a été statistiquement prouvé à 100% que nos élections ont été trafiquées. »
Deux camps irréconciliables
L’ambiance du rassemblement pro-Yoon tranche radicalement avec les manifestations anti-Yoon, composées principalement de jeunes et prenant des airs festifs, au son de slogans et de K-pop. Les hymnes martiaux des pro-Yoon, eux, donnent le ton d’une rhétorique radicale assumée. Un protestataire de 70 ans en uniforme militaire assène : « On ne peut pas laisser les commandes à des fous. » Une banderole proclame sans détour : « Sans le président, il n’y a pas de pays. »
Des théories complotistes en toile de fond
La conviction qu’un vaste complot menace la Corée du Sud sous-tend le discours des partisans de Yoon. Le président lui-même n’a pas hésité à accuser la Commission électorale d’être vulnérable aux ingérences étrangères, galvanisant les adeptes de thèses conspirationnistes déjà très actifs sur les réseaux sociaux. La peur d’une subversion communiste orchestrée par la Corée du Nord est fréquemment avancée, tandis que l’opposition est dépeinte comme infiltrée par des « éléments hostiles à l’État ».
Le spectre d’une crise politique majeure
Cette polarisation à l’extrême de la société sud-coréenne, illustrée par ces rassemblements antagonistes, laisse craindre une aggravation des tensions en cas de destitution effective du président Yoon. Alors qu’une majorité écrasante de citoyens semble favorable à son départ, une minorité déterminée campe sur ses positions, au mépris des recours démocratiques. Une situation inédite et potentiellement explosive pour cette jeune démocratie qui n’avait encore jamais connu pareille crise constitutionnelle.