En dépit des pressions croissantes des pays occidentaux, l’Iran vient de franchir un nouveau cap dans son bras de fer autour de son programme nucléaire. Téhéran a en effet confirmé ce samedi un renforcement imminent des inspections de ses installations atomiques par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le gendarme onusien du nucléaire. Une annonce surprenante alors même que les européens brandissent la menace de nouvelles sanctions contre la République islamique.
L’Iran poursuit l’extension de ses capacités nucléaires
Fin novembre, l’Iran avait annoncé la mise en service de centrifugeuses avancées pour enrichir l’uranium sur son sol, en réponse à une résolution de l’AIEA dénonçant son manque de coopération. Une escalade qui avait suscité l’ire des occidentaux. Mais pour Mohammad Eslami, chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), ce renforcement des capacités nucléaires du pays justifie logiquement une surveillance accrue :
Nous avons augmenté nos capacités (nucléaires) et il est naturel que le nombre d’inspections augmente.
Mohammad Eslami, chef de l’OIEA
Un rapport confidentiel de l’AIEA confirme cet accord
D’après une source proche du dossier ayant eu accès à un rapport confidentiel de l’AIEA, l’Iran aurait effectivement accepté un renforcement des inspections de ses sites. Une information cruciale alors que les réserves iraniennes d’uranium enrichi atteignent des niveaux records, proches des 60% nécessaires à la fabrication d’une arme atomique selon les critères de l’Agence.
La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne menacent de nouvelles sanctions
Dans une lettre commune adressée récemment au Conseil de sécurité de l’ONU, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont brandi la menace d’un retour de certaines sanctions contre l’Iran, aujourd’hui suspendues, afin de freiner son programme nucléaire. Une pression maximale pour tenter de sauver l’accord international de 2015 encadrant les activités atomiques iraniennes.
L’Iran clame son droit à un nucléaire civil
Téhéran a toujours martelé que son programme nucléaire visait des fins exclusivement civiles, principalement la production d’électricité, niant farouchement toute visée militaire. Mais les puissances occidentales doutent de la sincérité des ambitions iraniennes. L’annonce de ce renforcement des inspections par l’AIEA pourrait-elle apaiser les tensions? Rien n’est moins sûr tant la confiance semble rompue entre les différentes parties.
Le spectre du retrait américain de l’accord de 2015
Il faut dire que depuis le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord de Vienne en 2018 sous la présidence de Donald Trump, suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran, ce dernier a progressivement délaissé ses engagements, tout en restant partie prenante du pacte. Une réaction en chaîne négative, Téhéran estimant ne plus bénéficier des retombées économiques promises en échange de la limitation de son programme nucléaire.
Un dossier au cœur des tensions régionales
Au-delà du seul enjeu du nucléaire iranien, ce dossier ultrasensible cristallise les vives tensions qui traversent le Moyen-Orient. Entre rivalité avec l’Arabie Saoudite, ingérences régionales et hostilité viscérale envers Israël, l’Iran joue une partition complexe. Son programme nucléaire, perçu comme une menace existentielle par l’État hébreu, pourrait être l’étincelle qui enflamme la poudrière régionale.
Dans ce contexte explosif, le renforcement annoncé des inspections des sites iraniens par l’AIEA apparaît comme une éclaircie inattendue. Mais il faudra plus qu’un rapport confidentiel de l’Agence pour dissiper les profondes défiances et renouer le fil du dialogue. Car derrière les enjeux techniques du nucléaire se jouent avant tout des luttes d’influence et de pouvoir qui dépassent largement les limites des laboratoires et des centrifugeuses.