La récente dégradation de la note de la dette française par l’agence de notation Standard & Poor’s a fait l’effet d’une bombe dans les sphères politiques et économiques. Passant de AA à AA-, cette notation met en lumière les déficits chroniques dont souffre l’Hexagone. Face à cette situation préoccupante, le gouvernement se veut rassurant et martèle un message clair : pas question d’augmenter les impôts !
Un durcissement de ton pour rassurer les Français
Dès l’annonce de la dégradation vendredi soir, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, s’est empressé d’écarter toute hausse d’impôts pour l’année prochaine. Une position réaffirmée ce lundi matin par le Premier ministre Gabriel Attal, assurant qu’il y a déjà « trop d’impôts en France ».
On ne va pas augmenter les impôts, il y a trop d’impôts en France déjà.
– Gabriel Attal, Premier ministre
Pour justifier cette décision, le gouvernement met en avant les mesures déjà prises, comme la suppression de la taxe d’habitation et de la redevance audiovisuelle. Mais face aux accusations de la gauche et du RN qui prônent un financement de notre modèle social par l’impôt, l’exécutif campe sur ses positions.
La réponse du gouvernement : le travail avant tout
Pour Gabriel Attal, la solution aux finances publiques défaillantes passe avant tout par le travail. Selon lui, si la France avait un taux d’emploi similaire à l’Allemagne, les caisses de l’État se porteraient bien mieux. D’où l’importance de réformes comme celle de l’assurance-chômage, visant à inciter davantage à l’activité.
Mais cette réponse suffira-t-elle à rassurer des Français inquiets pour leur pouvoir d’achat ? Rien n’est moins sûr, alors que plane le spectre d’une désindexation des pensions de retraite et des prestations sociales sur l’inflation pour 2024. Une piste évoquée en février par Thomas Cazenave, ministre des Comptes publics, qui cherche encore 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires.
Des finances publiques sous pression
Car le temps presse pour rééquilibrer les comptes publics. Avec une dette publique qui frôle les 3 000 milliards d’euros et un déficit chronique, la France voit sa marge de manœuvre se réduire dangereusement. La dégradation de la note par S&P vient rappeler l’urgence de la situation et la nécessité d’engager des réformes structurelles.
Mais dans un contexte social tendu, avec une opposition remontée et une opinion publique échaudée par la réforme des retraites, la tâche s’annonce ardue pour le gouvernement. Il lui faudra convaincre que le redressement des finances publiques peut se faire sans peser davantage sur les ménages, déjà lourdement taxés.
Un équilibre difficile à trouver
Entre rigueur budgétaire et préservation du pouvoir d’achat, l’exécutif marche sur un fil. S’il écarte pour l’instant toute hausse d’impôts, il n’exclut pas de revoir certaines dépenses publiques, quitte à prendre des mesures impopulaires. Un exercice périlleux qui testera la capacité du gouvernement à mener des réformes dans un climat hostile.
Une chose est sûre : la dégradation de la note de la France par S&P sonne comme un avertissement. Sans action rapide et efficace pour redresser les comptes publics, c’est la crédibilité et l’attractivité du pays qui pourraient être durablement affectées. Un défi de taille pour le gouvernement, qui devra faire preuve de pédagogie et de persuasion pour embarquer les Français dans ce nécessaire effort collectif.