Un drame secoue la Cisjordanie, territoire sous occupation israélienne depuis 1967. L’Autorité palestinienne vient de reconnaître sa responsabilité dans la mort de Rahabi al-Chalabi, un jeune homme de seulement 19 ans, tué lors de violents affrontements entre forces de sécurité et militants locaux à Jénine.
Lundi dernier, Jénine, bastion des factions armées palestiniennes, a été le théâtre de tensions exacerbées. Au cœur des troubles, Rahabi al-Chalabi a perdu la vie. Initialement, les forces de sécurité avaient pointé du doigt des « fauteurs de troubles », affirmant que le jeune homme avait été battu à mort.
Mais coup de théâtre ce jeudi : après un examen approfondi des faits, l’Autorité palestinienne a révélé porter l’entière responsabilité de ce décès tragique. Une vidéo troublante, relayée sur les réseaux sociaux mais dont l’authenticité n’a pu être vérifiée, semble montrer Chalabi et un membre de sa famille, âgé de 16 ans, s’arrêter à scooter près d’un véhicule blindé des forces de sécurité palestiniennes, avant d’être touchés par un coup de feu.
Cisjordanie sous tension
Cette tragédie intervient dans un contexte de vives tensions en Cisjordanie, territoire où l’Autorité palestinienne dispose d’une autorité administrative partielle. Début mai, l’arrestation de plusieurs activistes par l’Autorité a mis le feu aux poudres. La semaine passée, des hommes armés ont même défilé dans le camp de réfugiés de Jénine, fief du Jihad islamique allié au Hamas, en s’emparant de véhicules officiels.
Malgré les efforts pour apaiser la situation, les échanges de tirs se sont poursuivis, atteignant leur paroxysme lundi. Un jeune de 16 ans, membre de la famille de Chalabi, a lui aussi été blessé dans ces troubles.
Escalade meurtrière depuis la guerre d’octobre 2023
La mort de Rahabi al-Chalabi s’inscrit dans une escalade meurtrière en Cisjordanie, sur fond de conflit israélo-palestinien. Depuis le début de la guerre déclenchée par l’offensive sans précédent du Hamas contre Israël en octobre 2023, les violences ont connu une inquiétante recrudescence.
Selon l’Autorité palestinienne, au moins 792 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie occupée par des soldats ou des colons israéliens. Côté israélien, 24 personnes, civils comme militaires, ont perdu la vie dans des attaques palestiniennes ou lors d’opérations militaires israéliennes, d’après les autorités.
Cette tragédie à Jénine illustre avec une acuité bouleversante les déchirements et la souffrance engendrés par des décennies de conflit. Loin des considérations politiques, c’est le destin brisé d’un jeune homme de 19 ans et le deuil d’une famille qui incarnent aujourd’hui le lourd tribut payé par les populations civiles prises dans l’engrenage de la violence.
Alors que l’Autorité palestinienne reconnaît sa responsabilité, beaucoup s’interrogent : ce drame marquera-t-il un électrochoc salutaire pour briser la spirale des affrontements ? Ou au contraire, attisera-t-il les braises d’un ressentiment déjà vif, ensanglantant davantage encore les rues de Cisjordanie ? L’avenir nous le dira, mais d’ores et déjà, le nom de Rahabi al-Chalabi restera gravé comme le symbole d’une jeunesse sacrifiée sur l’autel d’un conflit qui n’en finit pas de faire couler les larmes et le sang.
