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L’OIAC met en garde contre le danger des frappes en Syrie

Frappes sur des sites d'armes chimiques en Syrie : l'OIAC tire la sonnette d'alarme. Risques de contamination et destruction de preuves... Les conséquences pourraient être désastreuses. Décryptage.

Le sort des armes chimiques syriennes est au cœur des préoccupations depuis la chute du régime de Bachar al-Assad. Tandis qu’Israël affirme avoir frappé des stocks pour éviter qu’ils ne tombent aux mains d’extrémistes, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) s’alarme des risques liés à de telles frappes. Son directeur général Fernando Arias a mis en garde contre un double danger : la contamination et la destruction de preuves cruciales.

Des frappes aux conséquences potentiellement désastreuses

Si l’OIAC dit suivre de près les informations faisant état de bombardements sur des installations militaires, elle ignore encore si des sites liés aux armes chimiques ont été touchés. Mais Fernando Arias a été clair : de telles frappes pourraient non seulement contaminer les zones touchées, mais aussi détruire des preuves clés pour les enquêtes menées par divers organismes internationaux indépendants sur l’utilisation passée d’armes chimiques en Syrie.

L’OIAC en première ligne

Dès 2014, l’OIAC a lancé une mission d’enquête dédiée aux allégations d’utilisation d’armes chimiques en Syrie. 21 rapports, couvrant 74 cas présumés, ont depuis été publiés. Les enquêteurs ont conclu à l’utilisation avérée ou très probable d’armes chimiques dans 20 cas. Des éléments de preuve essentiels, aujourd’hui menacés par les bombardements.

« De plus, nous devons aussi prendre en compte le risque de perte de produits chimiques ou d’équipements dangereux, sans aucun contrôle », a insisté Fernando Arias.

Le casse-tête du stock chimique syrien

C’est en 2013, peu après une attaque chimique présumée qui a fait plus de 1400 morts près de Damas, que la Syrie a accepté de rejoindre l’OIAC. Elle a alors remis son stock déclaré pour destruction. Mais l’organisation n’a eu de cesse d’exprimer ses doutes quant à l’exhaustivité de cette déclaration, craignant qu’une partie de l’arsenal chimique échappe à tout contrôle.

Le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a pris le pouvoir, s’est engagé à coopérer avec la communauté internationale concernant la surveillance des armes et zones sensibles. Il a aussi promis de protéger le stock chimique restant et de veiller à ce qu’il ne soit pas utilisé contre des civils.

La Syrie à un tournant

Fernando Arias a noté des « signaux positifs de la Syrie sur la nécessité de débarrasser le pays de toutes les armes chimiques », même s’il n’a pas encore eu de contacts officiels avec les nouvelles autorités. Il y voit une opportunité d’obtenir enfin des éclaircissements sur l’étendue réelle du programme chimique syrien, « une tâche que nous n’avons pas été en mesure d’accomplir avec l’ancien gouvernement au cours des 11 dernières années ».

Alors que le conflit syrien entre dans une nouvelle phase, le sort des armes chimiques du pays reste donc plus que jamais sous haute surveillance. Entre risques de contamination et menaces sur les preuves, l’enjeu est de taille. L’OIAC, en première ligne, appelle à la plus grande prudence. L’avenir dira si ses mises en garde seront entendues.

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