En ce lundi 3 juin 2024, une délégation pour le moins singulière s’est rendue au musée en plein air du Parc de la Victoire à Moscou. Des diplomates de Corée du Nord, de Palestine, de Syrie et du Liban ont en effet visité l’exposition nommée “Les trophées de l’armée russe”, mettant en scène des blindés fournis par les pays occidentaux à l’Ukraine et capturés sur le champ de bataille. Une visite lourde de sens en cette année marquant le 80e anniversaire de la victoire soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale.
Une exposition symbolique en pleine guerre d’Ukraine
Inaugurée le 1er mai dernier, cette exposition-événement ne manque pas de faire polémique dans un contexte international tendu. Pas moins de 32 véhicules blindés saisis par l’armée russe sont ainsi exhibés, parmi lesquels figurent notamment :
- Un char Leopard allemand
- Un char Abrams américain
- Un véhicule de combat d’infanterie Bradley américain
- Un blindé britannique Mastiff
Le message est on ne peut plus clair : la lutte actuelle contre le régime de Kiev et ses alliés occidentaux serait dans la droite ligne du combat contre le nazisme mené hier. Un parallèle historique martelé par les autorités russes.
Des délégations étrangères en visite
La visite du 31 mai, organisée conjointement par les ministères russes des Affaires étrangères et de la Défense, revêt donc une portée éminemment politique et symbolique. Etaient présents les chefs des missions diplomatiques de plusieurs pays alignés sur Moscou :
- Palestine
- Venezuela
- Syrie
- Yémen
- Liban
- Corée du Nord
Quelques semaines plus tôt, ce sont des attachés militaires d’Egypte, d’Inde, de Malaisie, de Syrie et d’Afrique du Sud qui s’étaient rendus sur place. Autant de soutiens de poids pour Vladimir Poutine sur la scène diplomatique.
Moscou dénonce le “cynisme” occidental
Lors d’un point presse le 31 mai, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a fustigé l’attitude des pays occidentaux :
Le cynisme des soi-disant anciens partenaires, des alliés du Débarquement en Normandie et d’autres dirigeants d’États hostiles qui revendiquent désormais la possibilité d’utiliser les armes qu’ils fournissent à l’Ukraine pour des frappes à l’intérieur de la Russie.
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères
Une allusion directe à la récente déclaration de l’Élysée indiquant que la Russie ne serait pas conviée aux cérémonies du 6 juin en Normandie “en raison de sa guerre d’agression contre l’Ukraine”. Un camouflet pour le Kremlin.
L’exposition, un outil de propagande ?
Pour de nombreux observateurs, cette exposition de blindés au cœur de Moscou s’apparente à une vaste opération de propagande du régime. Le lieu hautement emblématique du Parc de la Victoire n’a pas été choisi au hasard, tout comme le calendrier des visites diplomatiques savamment orchestrées.
L’objectif semble clair : galvaniser l’opinion publique russe autour du narratif d’une « opération spéciale » victorieuse en Ukraine, tournant ainsi le dos aux difficultés rencontrées sur le terrain par l’armée ces derniers mois. Et ce dans un contexte de tension croissante avec les Occidentaux.
Une mise en scène qui risque cependant d’accentuer encore un peu plus le fossé entre la Russie et les démocraties occidentales, 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une page d’histoire qui semble définitivement tournée.