Les États-Unis viennent de franchir un nouveau pas dans leur bras de fer commercial avec la Chine. Le bureau de la représentante américaine au Commerce (USTR) a annoncé mercredi un renforcement des droits de douane sur plusieurs produits chinois, dont des composants essentiels à la fabrication de panneaux solaires. Une décision motivée par la volonté de Washington de protéger et stimuler son industrie nationale des énergies vertes, en plein essor.
Coup de vis sur les importations de wafers solaires et polysilicium
Concrètement, les tarifs douaniers sur les wafers solaires et le polysilicium importés de Chine devraient doubler dès le mois de janvier, passant à 50%. De même, certains produits à base de tungstène se verront désormais taxés à hauteur de 25%, contre 0% auparavant. Selon Katherine Tai, représentante américaine au Commerce, ces mesures doivent permettre « d’atténuer davantage les politiques et pratiques néfastes de la Chine ».
Priorité à l’économie verte américaine
Cette hausse ciblée des droits de douane s’inscrit dans la continuité des investissements réalisés par l’administration Biden pour dynamiser les filières d’énergies propres aux États-Unis. Elle fait suite aux fortes augmentations déjà annoncées en mai dernier sur d’autres produits stratégiques chinois, comme les véhicules électriques, les semi-conducteurs ou les batteries.
Réduire la dépendance aux importations chinoises
Selon un avis de l’USTR, la dépendance persistante des États-Unis envers la Chine pour les produits en tungstène rend les chaînes d’approvisionnement américaines vulnérables et menace la sécurité nationale. Des secteurs clés comme l’aérospatiale et la défense sont particulièrement concernés. De même, bien que la hausse des tarifs sur les wafers et le polysilicium puisse entraîner une augmentation initiale des prix, elle est jugée nécessaire pour permettre aux producteurs américains de rivaliser avec l’énorme capacité excédentaire de la Chine.
Entre fermeté et ciblage
Si Joe Biden adopte une approche plus sélective que son prédécesseur en matière de droits de douane sur les produits chinois, il n’hésite pas à taper du poing sur la table quand les intérêts américains sont en jeu. Reste à savoir comment Pékin réagira à ces nouvelles mesures, alors que le retour annoncé de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025 pourrait encore exacerber les tensions commerciales.
Quelles répercussions pour le marché du solaire ?
Si l’objectif affiché de Washington est de soutenir l’émergence d’une filière solaire compétitive sur le sol américain, certains acteurs du secteur craignent un renchérissement des coûts à court terme. La Chine demeure en effet le premier fournisseur mondial de composants photovoltaïques. À plus long terme toutefois, cette politique volontariste pourrait accélérer la structuration d’une véritable industrie nationale, à même de répondre à la demande croissante d’énergies renouvelables.
La souveraineté énergétique est devenue un enjeu majeur pour de nombreux pays. En misant sur une production locale, les États-Unis cherchent à sécuriser leurs approvisionnements et à réduire leur exposition aux aléas géopolitiques.
– D’après une source proche du dossier
Une chose est sûre : dans un contexte de lutte contre le changement climatique, la course à la domination sur le marché des énergies vertes ne fait que commencer. Et Washington entend bien jouer des coudes pour ne pas se laisser distancer. Quitte à bousculer son partenaire chinois et à risquer une escalade des tensions commerciales. L’avenir nous dira si ce pari audacieux était le bon.