Selon des experts mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, les récentes frappes israéliennes en Syrie sont dépourvues de tout fondement au regard du droit international. Lors d’une conférence de presse à Genève, ils ont mis en garde contre les dangers d’un désarmement « préventif », qui pourrait ouvrir la voie à un véritable chaos mondial.
Un précédent dangereux pour la stabilité internationale
Pour Ben Saul, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et la lutte antiterroriste, le droit international n’offre « absolument aucun fondement pour désarmer de manière préventive ou anticipée un pays que l’on n’aime pas ». Il souligne les conséquences potentiellement dévastatrices d’une telle pratique :
Si c’était le cas, ce serait la porte ouverte au chaos mondial, car de nombreux pays ont des adversaires qu’ils aimeraient voir désarmés.
Ben Saul, rapporteur spécial de l’ONU
Ce spécialiste du droit international humanitaire et du droit onusien insiste sur l’impossibilité de poursuivre et bombarder un ennemi où qu’il se trouve dans le monde.
Israël rompt le cessez-le-feu avec la Syrie
Suite à la chute du président syrien Bachar al-Assad, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a unilatéralement déclaré caduc l’accord de cessez-le-feu de 1974 avec la Syrie. Il a ordonné le déploiement de troupes dans la zone tampon à la lisière du plateau du Golan, territoire occupé et annexé par Israël.
Ces derniers jours, l’armée israélienne a mené des centaines de frappes sur le territoire syrien, ciblant aussi bien des entrepôts d’armes chimiques que les défenses aériennes de la marine syrienne. Pour Ben Saul, ces actes s’inscrivent dans la continuité de la politique israélienne menée en Syrie depuis au moins une décennie, en totale contradiction avec le droit international.
Un non-respect systématique du droit international par Israël
George Katrougalos, rapporteur spécial de l’ONU sur la promotion de l’ordre démocratique et équitable, dénonce lui aussi un « schéma » dans l’action d’Israël, qui multiplie « des attaques non précédées de provocation contre un Etat souverain ». Cet ancien ministre grec des Affaires étrangères et professeur de droit public y voit une nouvelle preuve du non-respect de la loi internationale dont fait preuve Israël dans la région.
La Syrie, un acteur clé dans la géopolitique régionale
Pendant des décennies, la Syrie a été un proche allié de l’Iran et la clé de voûte de son « axe de la résistance » anti-israélien. Elle servait de pont terrestre entre Téhéran et le Hezbollah libanais, permettant le transit d’armes et de combattants. La déstabilisation du régime syrien et les frappes israéliennes massives visent clairement à rompre cet axe et à affaiblir l’influence iranienne dans la région.
Mais pour les experts de l’ONU, rien ne saurait justifier des actes de guerre contraires au droit international, qui risquent d’entraîner toute la région dans une spirale incontrôlable de violence et de chaos. Ils appellent la communauté internationale à faire preuve de fermeté pour faire respecter le droit et préserver la paix et la sécurité au Moyen-Orient.