Alors que l’année 2024 touche à sa fin, l’économie russe se retrouve confrontée à une inflation galopante. Selon les derniers chiffres publiés par l’agence nationale des statistiques Rosstat, l’inflation a en effet atteint 8,9% en rythme annuel au mois de novembre. Un niveau préoccupant qui place la hausse des prix sur un plateau élevé depuis maintenant un an, bien au-dessus de l’objectif officiel de 4% fixé par les autorités.
Un contexte économique sous tension
Cette accélération de l’inflation intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l’économie russe. Déjà mise à mal par les conséquences de l’offensive militaire en Ukraine et les sanctions internationales qui en ont découlé, la Russie doit désormais composer avec un rouble affaibli. La devise nationale a en effet touché récemment ses plus bas niveaux face au dollar et à l’euro depuis mars 2022.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation :
- L’explosion des dépenses militaires liées au conflit ukrainien qui pèse sur les finances publiques
- Les effets des sanctions économiques qui perturbent les échanges commerciaux et financiers
- La hausse des salaires, conséquence des pénuries de main-d’œuvre, qui alimente l’inflation
Le spectre d’une nouvelle hausse des taux
Face à cette poussée inflationniste, la Banque centrale de Russie (BCR) pourrait être tentée de relever une nouvelle fois son taux directeur lors de sa prochaine réunion prévue le 20 décembre. Déjà fixé à 21%, un niveau record depuis 2003, le taux directeur pourrait donc encore grimper d’un ou deux points de pourcentage. La patronne de la BCR, Elvira Nabioullina, a martelé sa volonté de tout faire pour freiner la hausse des prix.
Mais une telle décision ne serait pas sans conséquence pour l’économie russe. Déjà, plusieurs grands patrons ont tiré la sonnette d’alarme ces derniers jours, mettant en garde contre le coût élevé des emprunts qui pénalise l’investissement. Un nouveau tour de vis monétaire pourrait donc sensiblement ralentir l’activité, au moment même où les autorités anticipent une décélération en 2025.
L’inflation grignote le pouvoir d’achat
Pour les ménages russes, cette inflation élevée se traduit par une érosion de leur pouvoir d’achat. Récemment, la flambée des prix du beurre et de l’huile de tournesol a fait les gros titres, rappelant la panique provoquée en 2023 par l’envolée du prix des œufs. Des dépenses alimentaires qui pèsent lourd dans le budget des familles.
Malgré les hausses de salaires consenties par les entreprises pour attirer la main-d’œuvre, de nombreux Russes peinent à boucler leurs fins de mois. Une situation difficile qui s’explique aussi par les importantes pénuries de travailleurs, de nombreux hommes étant partis au front en Ukraine ou ayant fui à l’étranger depuis le début du conflit en février 2022.
Entre ralentissement et instabilité
Pour l’économie russe, l’équation s’annonce délicate dans les mois à venir. D’un côté, une inflation persistante qui menace le niveau de vie et exige une réponse vigoureuse de la banque centrale. De l’autre, une activité économique déjà fragilisée qui pourrait souffrir d’un durcissement supplémentaire des conditions de crédit.
En toile de fond, la faiblesse du rouble et les incertitudes liées au conflit en Ukraine maintiennent un climat d’instabilité peu propice aux affaires. Les récentes sanctions américaines visant la banque Gazprombank ont ainsi contribué à affaiblir encore un peu plus la devise russe ces dernières semaines.
Dans ce contexte, les autorités russes vont devoir redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour tenter de stabiliser l’économie sans trop pénaliser la croissance. Un défi de taille qui mettra à l’épreuve la résilience du pays face aux multiples chocs subis depuis près de deux ans.