Le port syrien de Lattaquié présente un spectacle de désolation au lendemain de multiples frappes aériennes menées par l’armée israélienne. Des navires de guerre endommagés fument encore dans la rade, leurs systèmes d’armement réduits à l’état d’épaves. Cette opération militaire d’envergure intervient dans le contexte chaotique qui a suivi la chute soudaine du régime de Bachar el-Assad, renversé par une offensive éclair des rebelles.
Alors qu’un nouveau pouvoir s’installe à Damas, Israël a frappé ce port stratégique pour, selon ses dires, détruire des stocks d’armes qui risquaient de tomber aux mains de groupes terroristes. Le ministre israélien de la défense a affirmé que la marine avait coulé la quasi-totalité de la flotte syrienne lors de raids nocturnes.
Une opération préventive de grande ampleur
D’après des informations communiquées par l’armée israélienne, ces frappes ont visé des cibles militaires majeures dans tout le pays, dont 15 navires de guerre, des batteries anti-aériennes, des aérodromes et des dizaines de sites de production d’armement. Un centre de recherche à Damas, suspecté par les Américains d’être lié au programme d’armes chimiques syrien, a également été détruit.
Le premier ministre Benjamin Netanyahu a justifié cette intervention musclée par la nécessité d’empêcher l’Iran ou le Hezbollah libanais de mettre la main sur des armes stratégiques syriennes dans le chaos post-Assad. Il a averti le nouveau régime que toute tentative de réimplantation iranienne en Syrie ou de transfert d’armes au Hezbollah entraînerait une réaction forte d’Israël.
Un avertissement au nouveau pouvoir syrien
Ces frappes spectaculaires, qui auraient impliqué plus de 300 raids aériens en 48 heures selon une ONG, envoient un message clair aux nouvelles autorités syriennes. Israël n’hésitera pas à employer la force pour défendre ce qu’il considère comme ses intérêts vitaux, à savoir empêcher ses ennemis de profiter de l’instabilité en Syrie pour se renforcer militairement.
Le ministre israélien des affaires étrangères a par ailleurs confirmé que son pays était intervenu ces derniers jours pour détruire des stocks d’armes chimiques syriennes, afin qu’elles ne tombent pas aux mains des nouveaux dirigeants. Une ligne rouge pour l’état hébreu.
La Syrie face à un avenir incertain
Au lendemain de la chute express de Bachar el-Assad, qui avait fait de Lattaquié et de la côte méditerranéenne son bastion, la Syrie entre dans une phase de transition pleine d’incertitudes. Le nouveau pouvoir va devoir très vite clarifier sa position par rapport à l’Iran et prouver qu’il contrôle la situation sécuritaire s’il veut éviter de nouveaux raids dévastateurs.
De son côté, Israël a montré sa détermination à défendre ses « lignes rouges », quitte à mener des opérations de grande envergure en territoire syrien. Benjamin Netanyahu a mis en garde la nouvelle équipe au pouvoir, martelant qu’une Syrie qui laisserait l’Iran se réimplanter ou qui tolérerait des transferts d’armes au Hezbollah s’exposerait à de lourdes représailles israéliennes.
Les immenses colonnes de fumée noire du port ravagé de Lattaquié, ancien fief d’Assad, illustrent de façon spectaculaire le séisme géopolitique qui secoue la Syrie. Le pays entre dans une ère d’incertitude, sous la menace des canons israéliens qui ont montré l’étendue de leur puissance de frappe. Les nouveaux maîtres de Damas, qui tentent d’asseoir leur légitimité, vont devoir composer avec ce voisin aux aguets, prêt à dégainer à la moindre menace. La marge de manœuvre du nouveau régime apparaît d’emblée limitée, dans un Moyen-Orient plus que jamais sous tension.