Ce mardi matin, l’Église Saint-Roch à Paris fut le théâtre d’un ultime adieu. Niels Arestrup, maître incontesté du septième art et des planches, s’est éteint le 1er décembre dernier à son domicile de Ville d’Avray. Une pléiade de stars a tenu à lui rendre un dernier hommage lors de ses obsèques, témoignage vibrant de l’empreinte indélébile qu’il laisse dans le cœur de ses pairs et du public.
Une assemblée émue pour un dernier au revoir
Dès 10h30, les proches de l’interprète fétiche de Jacques Audiard et Bertrand Tavernier ont investi les bancs de l’église dans un silence recueilli. Bernard Murat et son épouse, Jean-Marc Dumontet, Stéphanie Bataille, la mine grave, Salomé Lelouch… Tous sont venus saluer une dernière fois celui qui fut un compagnon de route, un mentor, un ami. Jean-Michel Ribes, André Dussollier, Anne Consigny, partenaire de Niels dans « 96 Heures », Farida Rahouadj qui donna la réplique au défunt dans « Phèdre », Marie-Castille Mention-Shaar venue en avance, Kad Merad, Patrick Bruel, Macha Méril, Albert Dupontel… Un parterre de talents réunis dans la douleur et le souvenir.
Des hommages intimes et poignants
La voix de Maria Callas entonnant « Casta Diva » a résonné sous les voûtes de l’église, avant que la femme de Niels, Isabelle Le Nouvel, ne prenne la parole pour évoquer leur histoire d’amour née 23 ans plus tôt. Elle a cité des passages de l’autobiographie de l’acteur, « Tous mes incendies », soulignant à quel point il était animé par la passion de son art. Jacques Weber, en larmes, a rendu un hommage vibrant au « maître », au « prince ». L’abbé Laurent Chauvin a rappelé que le prénom Niels signifie « champion » et « nuage », illustrant la place unique qu’occupait le comédien, à la fois athlète des émotions et être éthéré.
Encore maintenant, tu m’intimides mon prince…
Jacques Weber
La flamme d’un géant
Emma et Henrik, les enfants jumeaux de Niels et Isabelle, ont allumé la flamme pascale près du cercueil, symbole de l’immortalité de l’âme de ce géant du cinéma et du théâtre. Guillaume Gallienne, qui eut l’honneur de donner la réplique à Arestrup dans « Le Candidat » et l’invita à lire du Tchekhov à la radio, a partagé le seul regret de l’acteur: avoir décliné le rôle d’Hamlet proposé par Klaus Michael Grüber. Un choix dicté par les doutes du comédien quant à son physique, lui qui illumina tant de scènes et d’écrans.
L’éternel sourire d’un prince
Sur la photographie ornant son cercueil, Niels Arestrup esquisse un sourire, ce sourire malicieux et tendre qui restera à jamais gravé dans les mémoires. Celui d’un prince du cinéma et du théâtre, d’un artisan de l’émotion qui marqua de son empreinte indélébile des générations de spectateurs et d’acteurs. Aujourd’hui, ses pairs et son public lui disent adieu, mais son héritage, lui, demeure immortel. Car comme le dit si bien Guillaume Gallienne, « ce sont des gens d’ailleurs, les artistes ». Et Niels Arestrup était assurément de cette trempe-là, un être à part, touché par la grâce. Un géant qui laisse derrière lui une flamme éternelle.