La Principauté de Monaco vient de franchir un pas décisif dans sa lutte acharnée contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Le Conseil de l’Europe, via son organe spécialisé Moneyval, a en effet salué les « progrès significatifs » réalisés par le petit État méditerranéen en la matière, dans un rapport publié ce mardi. Une avancée majeure pour Monaco, qui était jusqu’alors pointé du doigt pour des « défaillances » dans son dispositif anti-blanchiment.
Monaco muscle son arsenal anti-blanchiment
Fin 2022, Moneyval avait tiré la sonnette d’alarme, réclamant des « améliorations fondamentales » du système monégasque de lutte contre la délinquance financière. Un avertissement pris très au sérieux par les autorités de la Principauté, qui ont depuis lors engagé une véritable course contre la montre pour se mettre en conformité avec les standards internationaux les plus exigeants.
Malgré de premières mesures correctives, Monaco avait néanmoins écopé d’un nouveau carton jaune fin juin, en étant placé sur la liste grise des pays « sous surveillance » du Groupe d’action financière (Gafi), l’instance mondiale de référence en matière de lutte anti-blanchiment. Un coup dur pour la réputation de la Principauté, traditionnellement associée à l’opacité financière et aux montages offshore.
Un travail de titan salué par Moneyval
Mais le petit État n’a pas baissé les bras pour autant, bien au contraire. Comme le souligne Moneyval dans son dernier rapport, Monaco a pris ces derniers mois « de nombreuses mesures pour renforcer sa lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ». Un travail legislatif et réglementaire « de grande ampleur », mené tambour battant par le gouvernement princier en étroite collaboration avec l’ensemble des acteurs concernés, publics comme privés.
Résultat : la Principauté atteint désormais « une notation largement conforme » pour 32 des 40 recommandations du Gafi, et même « une notation conforme » pour 7 d’entre elles. Seule une recommandation reste encore au niveau « partiellement conforme », concernant les nouvelles technologies (actifs virtuels et cryptomonnaies). Un bilan remarquable, salué comme il se doit par le gouvernement monégasque.
Cette appréciation remarquable est le résultat d’un travail législatif et réglementaire de grande ampleur mené par le gouvernement princier, en collaboration avec le Conseil National, les services et autorités monégasques impliqués dans le dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme et le secteur privé.
– Communiqué du gouvernement monégasque
La sortie de la liste grise en ligne de mire
Pour autant, pas question de crier victoire trop vite. Comme le rappelle le gouvernement princier, les efforts doivent se poursuivre « pour un objectif commun : la sortie de la liste grise du Gafi », conformément au plan d’action fixé en juin dernier. Un chemin encore long et semé d’embûches pour la Principauté, qui espère toutefois une « issue favorable » à l’horizon 2026.
En attendant, Monaco reste sous haute surveillance, ses progrès en matière de lutte anti-blanchiment étant passés au crible régulièrement par les instances internationales compétentes. La pression est maximale pour le petit État, qui joue sa crédibilité et sa réputation sur ce dossier brûlant. Mais au vu des récentes avancées saluées par Moneyval, la Principauté semble plus que jamais déterminée à tourner définitivement la page de l’opacité financière.
Les principales mesures prises par Monaco :
- Renforcement du cadre législatif et réglementaire
- Meilleure coopération entre les acteurs publics et privés
- Augmentation des moyens alloués à la lutte anti-blanchiment
- Mise en conformité avec les recommandations du Gafi
- Prise en compte des nouvelles menaces liées aux cryptoactifs
La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme est devenue ces dernières années un enjeu prioritaire au niveau mondial, face à la sophistication croissante des circuits financiers criminels. Compte tenu de sa réputation sulfureuse héritée du passé, la Principauté de Monaco est particulièrement attendue au tournant sur ce sujet. Et si des progrès restent encore à faire, force est de constater que le petit État met désormais les bouchées doubles pour redorer son blason en la matière.
Une ambition affichée au plus haut niveau par le Prince Albert II lui-même, qui a fait de la transparence financière l’une des priorités de son règne. Car au-delà des enjeux de réputation, c’est bien la place de Monaco dans le concert des nations qui se joue sur ce dossier. En prouvant sa volonté de s’aligner sur les meilleurs standards internationaux, la Principauté entend en effet conforter son statut d’État souverain responsable, défendant une certaine idée de l’éthique dans un monde globalisé.
Reste à savoir si les récents progrès salués par Moneyval suffiront à convaincre définitivement les instances internationales de la sincérité de la démarche monégasque. Une chose est sûre : la Principauté n’a pas fini de faire parler d’elle sur le front de la lutte anti-blanchiment. Avec l’espoir, à terme, de pouvoir enfin tourner la page d’un passé trouble pour embrasser un avenir placé sous le signe de la transparence et de l’exemplarité. Un défi de taille pour Monaco, mais aussi une formidable opportunité de réécrire son histoire.