Alors que les tensions s’intensifient dans le détroit de Taïwan, la Chine ne cesse de multiplier les démonstrations de force à proximité de l’île qu’elle considère comme une province rebelle. Mardi, les autorités taïwanaises ont affirmé faire face à un déploiement naval chinois d’une ampleur inédite près de leurs eaux territoriales. Une nouvelle escalade qui s’inscrit dans une série de manœuvres militaires de plus en plus fréquentes et musclées de la part de Pékin ces dernières années.
Incursions aériennes et navales récurrentes
Depuis l’élection en 2016 de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, qui refuse de reconnaître le principe d’une Chine unique, les relations entre Taipei et Pékin n’ont cessé de se dégrader. En réponse, la Chine a intensifié ses incursions dans la zone de défense aérienne de Taïwan, avec des avions et navires militaires envoyés quasi-quotidiennement autour de l’île. En avril dernier, un drone de combat chinois a même réalisé pour la première fois un tour complet de Taïwan, marquant une nouvelle étape dans la pression exercée par Pékin.
La visite de Nancy Pelosi, un tournant
Le 2 août 2022, la visite à Taïwan de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants américaine, a provoqué la colère de Pékin. En représailles, la Chine a lancé des exercices militaires d’une ampleur sans précédent autour de l’île, la encerclant d’avions de chasse et de navires de guerre et procédant à des tirs de missiles pendant une semaine. Malgré la riposte de Taïwan et l’envoi de navires américains dans la région, ces manœuvres ont marqué un tournant dans la pression chinoise sur l’île.
Un blocus aérien et maritime simulé
En avril 2023, la nouvelle escale de Tsai Ing-wen aux États-Unis et sa rencontre avec le président de la Chambre des représentants Kevin McCarthy ont déclenché une réponse musclée de la part de la Chine. Pendant trois jours, l’armée chinoise a simulé des frappes ciblées sur Taïwan, un encerclement de l’île et même un blocus aérien. L’un des deux porte-avions chinois a participé à ces manœuvres d’une ampleur jusque-là inédite.
Un « avertissement » aux « séparatistes » selon Pékin
Avec l’élection en 2024 de Lai Ching-te, considéré comme plus favorable à l’indépendance que Tsai Ing-wen, Pékin a encore durci le ton. Après chaque prise de parole du nouveau président taïwanais, la Chine organise désormais de nouvelles démonstrations de force présentées comme des « avertissements » aux « forces séparatistes ». Mi-octobre, Taïwan a ainsi détecté un nombre record de 153 avions et 14 navires chinois près de l’île en seulement 25 heures.
Des manœuvres chinoises d’une ampleur inédite
Cette semaine, la récente tournée dans le Pacifique de Lai Ching-te, lors de laquelle il a échangé avec plusieurs responsables américains, a une nouvelle fois suscité l’ire de Pékin. Lundi, la Chine a réaffirmé que Taïwan était une part « inaliénable » de son territoire. Mardi, un haut responsable taïwanais a indiqué que « près de 90 » navires de guerre chinois avaient été déployés autour de l’île. Un chiffre « plus élevé » que lors des manœuvres déclenchées par la visite de Nancy Pelosi en 2022, signe d’une escalade continue des tensions dans la région.
Face à cette pression militaire croissante, Taïwan n’a d’autre choix que de renforcer ses défenses et de s’appuyer sur le soutien de ses alliés, au premier rang desquels les États-Unis. Mais pour la Chine, déterminée à réaliser ce qu’elle considère comme une « réunification » légitime, l’indépendance de fait de l’île reste une ligne rouge. À mesure que Pékin accroît ses capacités militaires, le risque d’un affrontement armé dans le détroit de Taïwan apparaît chaque jour un peu plus élevé, faisant planer la menace d’une crise majeure aux conséquences incalculables pour la région et le monde.