La Corée du Sud est en proie à un chaos politique sans précédent depuis la tentative avortée du président Yoon Suk Yeol d’imposer la loi martiale il y a une semaine. Les autorités ont annoncé mardi de nouvelles interdictions de quitter le territoire visant cette fois des hauts responsables de la police, une mesure qui touche désormais le président lui-même ainsi que plusieurs de ses proches.
Nouvelles sanctions et enquêtes tous azimuts
Selon l’agence de presse Yonhap, le commissaire-général de l’Agence de la police nationale Cho Ji-ho et deux autres hauts gradés ne sont désormais plus autorisés à quitter la Corée du Sud. Une sanction similaire a été imposée lundi au président Yoon Suk Yeol, une première pour un chef d’État en exercice selon le ministère de la Justice.
Sont également concernés les ex-ministres de la Défense et de l’Intérieur, le commandant de l’éphémère loi martiale ainsi que le chef du contre-espionnage. Tous sont visés par des enquêtes, le président étant notamment soupçonné de « rébellion ».
L’ex-ministre de la Défense Kim Yong-hyun, en poste lors du coup de force, a pour sa part été arrêté dimanche. Il est accusé d’avoir joué un « rôle crucial lors d’une rébellion » et commis un « abus de pouvoir pour entraver l’exercice de droits ». Un tribunal doit statuer sur un éventuel mandat de dépôt à son encontre, ce qui constituerait une première décision de justice en lien avec ces événements.
Le fiasco de la loi martiale
Le pays a basculé dans la crise politique le 3 décembre dernier lorsque le président Yoon, au pouvoir depuis mai, a déclaré brusquement la loi martiale. Des soldats et des hélicoptères ont alors été déployés pour tenter de verrouiller le Parlement. Mais de nombreux députés sont parvenus malgré tout à investir l’Assemblée nationale pour voter, six heures plus tard seulement, la levée de cet état d’exception.
Face à la pression de la rue et des institutions, Yoon Suk Yeol a été contraint de faire marche arrière et d’abroger la loi martiale le soir même. Un revers cinglant pour cet ancien procureur de 63 ans, élu sur une ligne dure face à la Corée du Nord mais confronté depuis à une forte impopularité.
Un président dos au mur
Samedi dernier, Yoon Suk Yeol a échappé de justesse à une procédure de destitution initiée par l’opposition. Son propre camp, le Parti du pouvoir au peuple (PPP), a réussi in extremis à invalider le vote à l’Assemblée en refusant de participer au scrutin, le privant ainsi du quorum des deux tiers requis.
En échange de ce soutien, le président a dû s’engager auprès de sa formation à leur laisser les rênes du pouvoir, au détriment du chef de l’État. Pour l’opposition, il s’agit ni plus ni moins d’un « deuxième coup d’État », quelques jours à peine après la loi martiale avortée.
L’entière responsabilité de la situation ne repose que sur moi.
– Kim Yong-hyun, ex-ministre de la Défense
Selon plusieurs médias, le PPP envisagerait désormais d’annoncer une feuille de route pour obtenir la démission de Yoon Suk Yeol dans les prochains mois. L’objectif serait d’éviter une nouvelle tentative de destitution des députés d’opposition, qui menacent de remettre la question à l’ordre du jour dès samedi.
Vers une sortie de crise ?
Toujours d’après la presse sud-coréenne, deux scénarios seraient à l’étude au sein de la majorité présidentielle : un départ de Yoon Suk Yeol en février, qui déclencherait une nouvelle élection en avril, ou bien une démission en mars pour un scrutin en mai.
En attendant, la valse des enquêtes et des sanctions se poursuit à tous les niveaux de l’appareil d’État. Signe que la crise est loin d’être terminée et que le feuilleton politique continue d’agiter le pays. Une instabilité qui inquiète aussi à l’international, alors que les tensions restent vives dans la péninsule coréenne.
L’impopulaire président Yoon, 63 ans, a échappé de peu à une motion de destitution soumise au vote du Parlement. Son Parti du pouvoir au peuple (PPP) l’a sauvé en boycottant le scrutin, invalidé faute de quorum.
– Extrait d’un article de l’AFP