Alors que la Chine misait sur une reprise économique post-Covid, les derniers chiffres des exportations pour novembre viennent doucher ses espoirs. Selon les données officielles publiées ce mardi, les ventes de produits et services chinois à l’étranger n’ont progressé que de 6,7% sur un an le mois dernier, bien en-deçà des prévisions des analystes.
Ce net ralentissement par rapport à octobre (+12,7%) inquiète les dirigeants chinois, qui craignent l’impact de nouvelles taxes douanières américaines sous la présidence de Donald Trump. Les exportations représentent en effet un levier de croissance crucial pour la deuxième économie mondiale.
Des mesures de soutien insuffisantes ?
Pour stimuler le commerce extérieur, Pékin avait dévoilé en novembre une série de mesures, dont l’extension de l’assurance-crédit à l’exportation. Mais cela ne semble pas suffisant face à la menace protectionniste américaine.
Comme le soulignait récemment le Premier ministre Li Qiang, l’économie mondiale fait face à des défis croissants en raison d’une tendance à la « démondialisation ». La Chine a certes réduit sa dépendance au marché américain ces dernières années, mais reste très exposée.
Chute des importations chinoises
Autre sujet d’inquiétude, les importations de la Chine ont chuté de 3,9% sur un an en novembre, accentuant la baisse déjà observée en octobre (-2,3%). Un recul à rebours des attentes des analystes, qui tablaient sur un léger rebond.
Cette baisse de la demande chinoise est le signe d’une consommation atone dans le pays. La reprise post-pandémie s’essouffle sur fond de conjoncture incertaine, de crise immobilière et de fort chômage des jeunes, qui pèsent sur le pouvoir d’achat.
Un excédent commercial en légère hausse
Seule éclaircie dans ce tableau morose, l’excédent commercial chinois a légèrement gonflé en novembre à 92,2 milliards d’euros, contre 95,7 milliards le mois précédent. Mais cela ne suffira pas à doper significativement la croissance du PIB.
La Chine doit urgemment trouver de nouveaux relais de croissance pour compenser le ralentissement de ses exportations, moteur traditionnel de son économie.
Zhang Bin, économiste à l’Académie chinoise des sciences sociales
Selon plusieurs économistes, les autorités chinoises pourraient être tentées de laisser glisser le yuan pour soutenir les exportations. Mais une telle décision risquerait d’attiser les tensions avec Washington, qui accuse régulièrement Pékin de manipuler sa monnaie.
Vers un assouplissement monétaire ?
Face à ces vents contraires, certains experts parient sur un assouplissement de la politique monétaire chinoise dans les mois à venir. La banque centrale pourrait notamment réduire le taux de réserves obligatoires des banques pour soutenir le crédit.
- Des baisses ciblées des taux d’intérêt sont également envisageables pour stimuler l’investissement et la consommation.
- Le gouvernement pourrait aussi accroître ses dépenses d’infrastructure pour compenser la faiblesse de la demande privée.
Mais ces mesures de relance risquent de se heurter à la volonté de Pékin de maîtriser l’endettement et les risques financiers. Xi Jinping a réaffirmé récemment son attachement à un modèle de croissance « de haute qualité », moins dépendant des exportations et de l’investissement.
Dans ce contexte, le ralentissement plus marqué qu’attendu du commerce extérieur chinois en novembre constitue un nouveau défi pour les autorités. Il leur faudra rivaliser d’inventivité pour soutenir l’activité sans renoncer aux priorités de rééquilibrage de l’économie.
Une équation complexe, alors que la Chine fait aussi face au vieillissement accéléré de sa population, qui va peser sur la croissance potentielle. Plus que jamais, trouver un nouveau souffle apparaît vital pour la deuxième puissance économique mondiale.