Dans l’est de l’Ukraine, un duel inégal se joue. Sur le front de Donetsk, les troupes russes avancent inexorablement, submergeant les défenses ukrainiennes par des vagues de soldats sacrifiables. C’est la tactique du « hachoir à viande », qui étouffe peu à peu une armée ukrainienne à court d’hommes et de munitions.
Une guerre d’usure impitoyable
Jour après jour, les assauts russes se succèdent. De petits groupes de 3 à 5 soldats, couverts par l’artillerie, creusent des tranchées au plus près des positions ukrainiennes. Beaucoup tombent, mais d’autres prennent leur place, formant un flux continu. Même si les Ukrainiens en abattent des dizaines, le rouleau compresseur finit toujours par les faire reculer. En novembre, la Russie a ainsi gagné 725 km2 dans la région, du jamais vu depuis le début de l’invasion.
Des pertes colossales côté russe
Mais à quel prix ! Selon les estimations, pour chaque kilomètre carré conquis, la Russie sacrifie 53 hommes. Une hécatombe que le commandement semble prêt à assumer, envoyant au front bon nombre d’anciens prisonniers et d’individus issus des castes inférieures de la société. « 50% de la chair à canon dont la Russie n’a pas du tout besoin », résume un commandant ukrainien.
Bakhmout et Avdiïvka, symboles de cette boucherie
Cette méthode impitoyable a déjà fait ses preuves à Bakhmout et Avdiïvka, deux villes de l’est totalement rasées en 2023 et 2024 au prix de pertes massives. Des pertes telles qu’elles ont même provoqué la mutinerie avortée du groupe Wagner en juin 2023. Depuis, plus personne ne semble s’émouvoir du sort de ces soldats jetables.
« Pour Moscou, ça ne coûte rien de tuer 100 ou 150 personnes pour prendre un carré d’arbres. Pour nous c’est différent. Nous comptons chaque soldat. »
Un commandant ukrainien
Des soldats russes sacrifiables
Qui sont ces hommes que la Russie envoie ainsi à la mort ? Souvent des gens simples, poussés à s’engager par le besoin d’argent. Comme ce prisonnier tout juste libéré à qui on avait promis un poste de cuisinier et qui s’est retrouvé en première ligne après 3 jours de formation. Ou cet autre qui voulait juste réparer sa voiture. Venus de Sibérie occidentale, ils sont de la chair à canon, rien de plus.
L’Ukraine en grande difficulté
Face à cette marée humaine, l’Ukraine plie mais ne rompt pas. Pourtant, la situation devient critique. En infériorité numérique, les Ukrainiens manquent d’hommes et de puissance de feu pour contrer les assauts russes. Malgré l’utilisation de drones explosifs pour colmater les brèches, ils ne cessent de perdre du terrain. Et les pertes s’accumulent : 43 000 morts et 370 000 blessés depuis le début de la guerre, selon le président Zelensky.
« Nous sommes reconnaissants de l’aide internationale, mais ce n’est pas suffisant pour gagner »
Un officier ukrainien
Combien de temps l’Ukraine tiendra-t-elle ?
La question est sur toutes les lèvres : combien de temps encore l’armée ukrainienne pourra-t-elle résister à ce rouleau compresseur ? Sans un afflux massif d’hommes et d’équipements, difficile d’être optimiste. Certains espèrent qu’un hiver rude viendra geler les sols et stopper l’avancée russe. Mais à terme, c’est bien la Russie qui risque de manquer d’hommes si elle maintient un tel rythme de pertes. Un espoir bien maigre auquel se raccrochent des soldats ukrainiens épuisés mais déterminés à tenir, coûte que coûte.