C’est une journée historique qui s’ouvre en Israël. Pour la première fois, un Premier ministre en exercice va devoir répondre d’accusations de corruption devant la justice. Benjamin Netanyahu, surnommé « Bibi », est attendu sur le banc des accusés pour l’ouverture de son procès qui s’annonce explosif. Une affaire sans précédent qui fait trembler les sphères du pouvoir.
Selon des sources proches du dossier, les chefs d’accusation qui pèsent sur Netanyahu sont accablants. Corruption, fraude, abus de confiance… Le dirigeant est soupçonné d’avoir usé de son influence pour obtenir des faveurs de la part de riches hommes d’affaires, en échange d’avantages politiques. Un système de pots-de-vin qui aurait permis au Premier ministre et à sa femme de bénéficier de plus de 260 000 dollars de cadeaux de luxe.
Un feuilleton judiciaire au cœur du pouvoir
Mais les ennuis ne s’arrêtent pas là pour « Bibi ». Il est aussi accusé d’avoir tenté de négocier une couverture médiatique plus favorable en proposant d’entraver la diffusion d’un journal concurrent. Sans oublier des soupçons de conflits d’intérêts en lien avec un magnat des télécoms dont il aurait favorisé les activités. Des affaires qui éclaboussent la réputation du leader, au pouvoir sans discontinuer depuis 2009.
La défense de Netanyahou crie au complot
Face à ce déluge d’accusations, le camp Netanyahu contre-attaque. « C’est une chasse aux sorcières ! », a tonné le Premier ministre lors d’une conférence de presse. Il dénonce un complot politique orchestré par ses adversaires pour le faire chuter. « Ces allégations sont absurdes et infondées. J’ai hâte de les démonter devant le tribunal », a-t-il martelé, se posant en victime d’une machination.
« Je ne fuis pas, je vais parler »
Benjamin Netanyahu
Des révélations explosives attendues à la barre
Mais la partie s’annonce serrée pour le dirigeant, qui va devoir affronter à la barre les témoignages de plusieurs de ses anciens proches. Des révélations fracassantes sont attendues lors de ce procès fleuve qui pourrait durer des mois. Netanyahu, habitué aux coups d’éclat, joue son avenir politique dans ce bras de fer judiciaire.
Pendant ce temps, les Israéliens retiennent leur souffle. Beaucoup s’interrogent sur la capacité de leur Premier ministre à gouverner, alors qu’il est pris dans la tourmente. Un sondage révèle qu’une majorité souhaite sa démission s’il est reconnu coupable.
Un test pour la démocratie israélienne
Au-delà du sort de Netanyahu, c’est la solidité des institutions qui est en jeu. Pour beaucoup d’experts, la tenue de ce procès est le signe d’une démocratie israélienne fonctionnelle, où même les plus puissants sont soumis à la loi. Un pays où un Premier ministre doit répondre de ses actes devant la justice comme n’importe quel citoyen.
« Le fait qu’un Premier ministre très puissant soit inculpé témoigne de la force des institutions démocratiques d’Israël »
Yohanan Plesner, Israel Democracy Institute
Mais d’autres voient dans cette affaire un dangereux précédent, la criminalisation de la vie politique. Dans le camp du Likoud, le parti de Netanyahu, on agite le spectre d’un « coup d’État judiciaire ». Des manifestations de soutien au leader sont organisées dans tout le pays.
L’avenir politique de Netanyahu en suspens
Quelle que soit l’issue du procès, une chose est sûre : la saga Netanyahu n’a pas fini de faire des remous en Israël. Si les juges le reconnaissent coupable, le Premier ministre sera-t-il contraint à la démission ? Pourra-t-il se maintenir en cas d’appel ? Des questions lourdes de conséquences pour l’avenir de la démocratie israélienne.
En attendant, « Bibi » compte bien se battre jusqu’au bout pour prouver son innocence et sauver son héritage. Celui qui règne sur la politique israélienne depuis plus d’une décennie n’a pas dit son dernier mot. Le combat judiciaire ne fait que commencer.