Dans un rebondissement spectaculaire, les rebelles syriens qui viennent de renverser le gouvernement du président déchu Bachar al-Assad ont annoncé leur intention de publier une liste des plus hauts responsables impliqués dans la torture du peuple syrien. Cette déclaration choc intervient alors que le pays panse encore ses plaies après des décennies de dictature sanglante.
Le début d’une nouvelle ère ?
Depuis leur prise de contrôle dimanche, les rebelles emmenés par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) s’emploient à tourner la page des années Assad. Dès la chute du régime, une de leurs priorités a été de libérer les milliers de prisonniers politiques croupissant dans les geôles du pays, à commencer par la tristement célèbre prison de Saydnaya, véritable symbole de l’oppression qui a régné pendant un demi-siècle.
Mais les nouvelles autorités semblent déterminées à aller plus loin en s’attaquant directement aux responsables des atrocités. C’est en tout cas le sens de l’annonce faite mardi par leur commandant en chef Abou Mohammad al-Jolani, alias Ahmed al-Chareh.
Nous allons annoncer une liste numéro un qui comprend les noms des plus hauts responsables impliqués dans les tortures contre le peuple syrien.
Abou Mohammad al-Jolani, commandant en chef des rebelles syriens
La traque des criminels de guerre
Selon des médias libanais, plusieurs anciens hauts responsables du régime Assad se seraient réfugiés à Beyrouth sous la protection du Hezbollah, le mouvement chiite qui fut un des principaux soutiens de la dictature. Mais les nouveaux maîtres de Damas semblent bien décidés à ne pas les laisser échapper à la justice :
Nous poursuivrons les criminels de guerre et demanderons qu’ils soient remis par les pays où ils se sont enfuis afin qu’ils puissent recevoir leur juste châtiment.
Abou Mohammad al-Jolani, commandant en chef des rebelles syriens
Pour les y aider, les rebelles comptent sur la collaboration de la population. Des récompenses seront ainsi offertes à toute personne fournissant des informations sur les hauts gradés impliqués dans des crimes de guerre. Une purge qui s’annonce d’ores et déjà sans précédent.
Les stigmates de la torture
L’ampleur de la tâche qui attend les nouvelles autorités ne fait guère de doute au vu des découvertes macabres de ces derniers jours. Lundi, des rebelles ont ainsi retrouvé pas moins d’une quarantaine de cadavres présentant des traces de torture dans la morgue d’un hôpital des environs de Damas. Des charniers qui témoignent de l’horreur des pratiques en vigueur sous le régime déchu.
Vers une transition en douceur ?
Si la traque des criminels de guerre s’annonce implacable, le nouveau pouvoir issu de la rébellion semble néanmoins vouloir jouer l’apaisement dans cette période de transition pour le moins délicate:
Nous nous sommes engagés à nous montrer tolérants à l’égard de ceux dont les mains ne sont pas tachées du sang du peuple syrien, et nous avons accordé l’amnistie à ceux qui étaient astreints au service obligatoire.
Abou Mohammad al-Jolani, commandant en chef des rebelles syriens
Reste désormais à savoir si cette main tendue suffira à ramener la paix et la stabilité dans un pays meurtri par un demi-siècle de dictature. Les prochaines semaines s’annoncent en tout cas cruciales et le monde entier aura les yeux rivés sur le nouveau visage de la Syrie. Une Syrie enfin libérée du joug assad mais qui reste profondément marquée par les années de plomb. La route vers la réconciliation nationale s’annonce longue et semée d’embûches.