Une découverte effroyable vient d’être faite en Syrie. Selon les déclarations de rebelles syriens à l’AFP, une quarantaine de corps présentant des signes de torture ont été retrouvés entassés dans des sacs mortuaires, dans la morgue d’un hôpital près de Damas. Mohammed al-Hajj, un combattant des factions rebelles du sud du pays, raconte avoir été le premier à ouvrir la porte de la morgue. Il décrit un spectacle d’horreur, des corps empilés portant les marques d’atroces sévices.
Des photographies et vidéos prises par Mohammed al-Hajj et transmises à l’AFP attestent de l’état des cadavres. On y voit des corps aux yeux arrachés, aux dents brisées, couverts d’ecchymoses et d’éclaboussures de sang. Certains corps en décomposition laissent apparaître leurs os. Placés dans des sacs plastiques ou des linges blancs tachés de sang, les corps sont numérotés, parfois identifiés par un nom. Plusieurs semblent avoir été tués récemment.
Un complexe carcéral au cœur du système répressif d’Assad
Cette sinistre découverte intervient au moment où les rebelles, menés par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), viennent de prendre le pouvoir en Syrie, chassant Bachar el-Assad dont la famille régnait d’une main de fer depuis plus de 50 ans. Le régime s’appuyait sur un vaste réseau de prisons et centres de détention destinés à écraser toute velléité de dissidence. La prison de Sednaya, tristement célèbre, en était un des piliers.
Des milliers de familles en quête de leurs proches disparus
Dès l’annonce de la découverte des corps, des milliers de Syriens se sont rassemblés devant la prison de Sednaya, dans l’espoir d’obtenir des informations sur leurs proches disparus dans les geôles du régime. Beaucoup craignent que les dépouilles trouvées à l’hôpital de Harasta ne soient celles de détenus de Sednaya. D’après Mohammed al-Hajj, ce sont les indications d’un employé de l’hôpital qui ont mené les rebelles à la morgue.
Nous avons informé le commandement militaire de ce que nous avons trouvé et nous avons coordonné notre action avec celle du Croissant-Rouge syrien, qui a transporté les corps vers un hôpital de Damas, afin que les familles puissent venir les identifier.
Mohammed al-Hajj, combattant rebelle
Le combat continue pour la vérité et la justice
Si les corps sont bien ceux de détenus de Sednaya comme le pense Diab Serriya, cofondateur de l’Association des détenus et des disparus de la prison de Sednaya (ADMSP), cela confirmerait l’ampleur des crimes commis par le régime Assad à l’abri des regards. Pour que la lumière soit faite sur ces atrocités, les familles de disparus et les organisations de défense des droits humains devront poursuivre leur combat pour la vérité et la justice, malgré la chute du dictateur. Le chemin sera long mais une première étape cruciale vient peut-être d’être franchie avec la découverte de ces corps martyrisés.