Dans la nuit de lundi, les habitants du quartier du Tonkin à Villeurbanne ont été une nouvelle fois réveillés par des coups de feu. Selon des sources proches de l’enquête, une personne aurait été blessée par balle aux alentours de 21h30. Si son pronostic vital ne serait pas engagé, cet énième épisode de violence vient rappeler la situation préoccupante de ce quartier gangrené par le trafic de drogue.
Le Tonkin, épicentre du trafic de stupéfiants à Villeurbanne
Malgré une grande mixité sociale et une bonne desserte par les transports en commun, le quartier du Tonkin est devenu au fil des années le principal point de deal de Villeurbanne. Selon des chiffres de la police, pas moins de 23 points de vente de drogue seraient actifs dans cette ville de 160 000 habitants, dont une majorité concentrée dans ce secteur limitrophe de Lyon.
Face à cette situation alarmante, les riverains oscillent entre résignation et exaspération. Beaucoup déplorent l’inaction des pouvoirs publics et la dégradation de leurs conditions de vie au quotidien.
On ne peut plus laisser nos enfants jouer dehors sans craindre qu’ils ne tombent sur une seringue ou assistent à une transaction. C’est devenu invivable !
– Une mère de famille habitant le quartier
Une violence qui s’intensifie
Malheureusement, les fusillades sont devenues monnaie courante dans ce quartier miné par les rivalités entre trafiquants. Il y a un an, un homme d’une trentaine d’années avait déjà été tué par balle en pleine rue. Malgré ce drame, le trafic ne semble pas faiblir, bien au contraire.
Pour tenter d’endiguer le phénomène, une nouvelle brigade de terrain a été déployée fin novembre, à la demande des habitants excédés. Mais beaucoup craignent que cette mesure ne suffise pas face à des réseaux de mieux en mieux organisés et particulièrement implantés.
Un phénomène qui s’étend aux villes moyennes
Longtemps cantonnés aux grandes métropoles, les trafics de drogue semblent gagner du terrain dans des villes de taille plus modeste comme Villeurbanne. La proximité de Lyon et ses quartiers sensibles favorise sans doute cette extension.
Pour les forces de l’ordre, il est urgent d’adapter la réponse pénale à cette nouvelle donne. Mais en attendant, ce sont les habitants qui subissent au quotidien les conséquences de cette économie souterraine.
Vers une « reconquête républicaine » des quartiers ?
Face à la détresse des riverains, certains élus locaux appellent à une véritable « reconquête républicaine » de ces quartiers abandonnés aux mains des trafiquants. Au-delà de la répression, il s’agirait de renforcer massivement la présence des services publics pour restaurer l’autorité de l’Etat.
Nous devons redonner espoir à ces populations en réinvestissant massivement dans l’éducation, la santé, l’emploi. C’est un travail de longue haleine mais c’est la seule solution.
– Un député local
Un défi immense au regard de l’ampleur du phénomène. Mais pour les habitants du Tonkin comme pour tant d’autres, il y a urgence à agir avant que ces quartiers ne basculent définitivement. Car derrière les coups de feu, ce sont des vies qui se brisent, des familles qui se déchirent, un tissu social qui se délite.
Une chose est sûre : sans une réponse globale et coordonnée des pouvoirs publics, associant prévention, répression et réinvestissement massif, ces fusillades continueront de résonner dans la nuit villeurbannaise. Avec à chaque fois, la peur au ventre pour les habitants de ce quartier pris en étau.