L’arrestation lundi de Luigi Mangione, un jeune ingénieur de 26 ans, dans l’enquête sur l’assassinat « ciblé » de Brian Thompson, le patron du géant de l’assurance santé UnitedHealthcare, a mis en lumière le profil pour le moins surprenant du suspect. Fils de bonne famille et surdoué, Luigi Mangione fait pourtant l’objet d’un véritable engouement sur les réseaux sociaux où des milliers de personnes le voient en héros, révélant les tensions autour du système d’assurance santé privé aux États-Unis.
Un jeune homme brillant issu d’un milieu aisé
Originaire du Maryland, Luigi Mangione est décrit comme un étudiant modèle, premier de sa promotion au lycée Gilman de Baltimore en 2016. « Mon impression, c’est que c’était un gars normal, un gamin sympa, intelligent », confie un ancien camarade de classe. Le jeune homme intègre ensuite la prestigieuse université de Pennsylvanie, un établissement de l’Ivy League, d’où il sort diplômé en 2020 d’une licence et d’un master en sciences de l’ingénierie.
Issu d’une famille influente de la région de Baltimore, propriétaire de plusieurs country clubs, Luigi Mangione a un cousin, Nino Mangione, élu républicain à la Chambre basse du Maryland. Son parcours sans faute semble donc difficilement conciliable avec les lourdes accusations qui pèsent sur lui.
Un « héros » malgré lui sur les réseaux sociaux
Pourtant, dès la révélation de son nom, les profils présumés de Luigi Mangione ont vu leur nombre d’abonnés exploser sur les réseaux sociaux. Un signe de l’emballement du public américain pour cette affaire, dans un pays où les assurances santé privées sont régulièrement accusées de s’enrichir sur le dos des patients. « Ils feraient mieux de te laisser libre, tu es un héros », commente ainsi un internaute, renvoyant aux spéculations sur un possible contentieux entre le suspect et UnitedHealthcare.
Un document manuscrit de trois pages évoquant son « hostilité à l’encontre des entreprises américaines » a également été saisi.
La police de New York
Une arme imprimée en 3D et un mobile encore flou
Mercredi à l’aube, Brian Thompson, 50 ans, a été froidement abattu en pleine rue devant un hôtel de Manhattan. Chez Luigi Mangione, les enquêteurs ont retrouvé une arme à feu en kit, « qui pourrait avoir été fabriquée par une imprimante 3D » et un silencieux, similaires à ceux utilisés par le tueur. Des indices troublants, même si les autorités restent prudentes sur les motivations du jeune homme, évoquant simplement un « meurtre ciblé et sans scrupules ».
Selon certaines sources non confirmées, les mots « delay » (retard) et « deny » (refus) – termes évoquant des rejets de demandes d’indemnisation de soins – étaient inscrits sur les douilles retrouvées sur la scène de crime. De quoi alimenter les rumeurs d’un règlement de comptes lié aux pratiques décriées des assurances.
Un profil en ligne mystérieux
Sur les réseaux sociaux, les publications alambiquées de Luigi Mangione ne permettent guère d’en savoir plus sur sa personnalité ou ses intentions réelles. Son profil Instagram le montre posant en costume cravate ou torse nu, abdominaux en évidence, tandis que son compte Twitter regorge de messages sibyllins.
Avant son arrestation, le jeune homme travaillait comme ingénieur statistiques pour le concessionnaire automobile en ligne TrueCar, un emploi qu’il avait quitté en 2023 dans des circonstances non précisées. Les autorités continuent d’éplucher ses antécédents et ses relations, sans exclure aucune piste.
Bientôt présenté à la justice
Luigi Mangione doit être présenté ce lundi à 18h, heure locale, devant la justice pour possession illégale d’armes, avant un probable transfert à New York en vue d’une inculpation pour assassinat. Son profil atypique et les zones d’ombre qui l’entourent ne manqueront pas d’alimenter les spéculations sur cette affaire hors norme, symptomatique d’un système de santé à bout de souffle.
En attendant, pour nombre d’Américains, Luigi Mangione est d’ores et déjà entré dans la catégorie très fermée des « vengeurs » modernes, un Robin des Bois des temps de crise qu’il aura bien du mal à se défaire, coupable ou innocent. L’histoire retiendra-t-elle le geste fou d’un jeune homme brillant et torturé ou le cri de colère d’une génération sacrifiée ? Les prochaines semaines seront décisives pour le déterminer.