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Lyon-Turin : Le Tracé « Grand Gabarit » Retenu Pour Les Voies Françaises

Le tracé "grand gabarit" a été retenu pour les voies françaises de la future liaison Lyon-Turin. Ce choix implique le percement de nouveaux tunnels sous les massifs de Chartreuse et Belledonne. Mais à quel prix pour l'environnement et les finances publiques ?

L’avenir de la liaison ferroviaire Lyon-Turin se dessine peu à peu. Selon une annonce de la préfète d’Auvergne-Rhône-Alpes lundi, l’État français a officiellement retenu le scénario dit du « grand gabarit » pour les voies d’accès françaises au futur tunnel transfrontalier. Un choix lourd de conséquences, puisqu’il implique le percement de nouveaux tunnels sous les massifs montagneux.

Parmi les trois tracés envisagés pour relier Lyon à l’entrée du tunnel en cours de creusement sous le Mont-Cenis, celui privilégiant le passage par des tunnels sous la Chartreuse et Belledonne avait la faveur des élus locaux. Plus rapide mais aussi plus onéreux, il permettrait d’acheminer jusqu’à 28 millions de tonnes de fret par an, en évitant les vallées.

Un tracé en deux étapes avec des études d’avant-projet dès 2025

Concrètement, le tracé retenu prévoit dans un premier temps une ligne mixte fret et voyageurs entre Grenay, à l’est de Lyon, et Avressieux en Savoie. Puis dans un second temps, une ligne à voie unique réservée au fret jusqu’à Saint-Jean-de-Maurienne. La prochaine étape sera le lancement d’études d’avant-projet début 2025 pour affiner ce tracé, grâce à une enveloppe de 164 millions d’euros répartie entre l’État, les collectivités locales et l’Union européenne.

Un projet titanesque et contesté

Lancée il y a plus de 30 ans, la ligne à grande vitesse Lyon-Turin suscite de vifs débats. Soutenue par les pouvoirs publics et les acteurs économiques au nom du développement du fret ferroviaire, elle est fermement combattue par les défenseurs de l’environnement. Ces derniers dénoncent son impact sur les Alpes et un coût jugé « pharaonique » qui ne cesse de s’alourdir.

La section transfrontalière, avec son tunnel de 57,5 km, est à elle seule estimée à 11,1 milliards d’euros. Quant aux voies d’accès côté français, leur coût avoisinerait les 10 à 15 milliards d’euros supplémentaires.

D’après des sources proches du dossier

Un chantier pharaonique sous haute surveillance

Si le montant global n’a plus été communiqué officiellement depuis l’évaluation de la Cour des comptes en 2012 (26 milliards d’euros), le coût ne cesse de grimper. La seule section transfrontalière, avec son tunnel de 57,5 km (dont 15 déjà creusés), est chiffrée à 11,1 milliards d’euros. Du côté français, SNCF Réseau devra débourser entre 10 et 15 milliards supplémentaires pour les 150 km de voies d’accès.

Des sommes astronomiques qui soulèvent des interrogations sur la viabilité économique et écologique du projet. Les pro-Lyon-Turin mettent en avant les bénéfices pour le report modal et la décongestion des routes alpines. Mais les opposants s’inquiètent d’un chantier démesuré aux conséquences irréversibles pour les écosystèmes fragiles traversés. Sans compter le poids sur les finances publiques et le risque de dérive budgétaire.

Un projet à l’avenir encore incertain

Malgré le choix du tracé côté français, l’avenir du Lyon-Turin est encore loin d’être scellé. Les prochaines études devront confirmer la faisabilité technique et préciser les coûts. De plus, le financement n’est pas totalement bouclé, notamment pour la partie italienne. Les opposants entendent bien poursuivre leur combat et faire barrage au projet qu’ils jugent inutile et dangereux.

Des incertitudes persistent aussi sur le calendrier, alors que le tunnel transfrontalier doit entrer en service d’ici 2030. Tout retard pourrait remettre en cause l’équilibre économique déjà fragile de la ligne. La réalisation des accès français dans les délais sera donc un enjeu crucial pour la réussite du projet, sous réserve qu’il voit effectivement le jour.

Le choix du tracé « grand gabarit » marque une étape importante mais ne met pas fin à la controverse autour du Lyon-Turin. Ce projet hors norme cristallise les tensions entre impératifs économiques, préservation de l’environnement et acceptabilité sociale. Son avenir dépendra de la capacité à concilier ces enjeux et à en démontrer l’utilité publique. Un défi majeur à l’heure de la transition écologique et de la maîtrise des dépenses.

Les dates clés du Lyon-Turin

  • 1991 : Première évocation du projet lors d’un sommet franco-italien
  • 2001 : Accord intergouvernemental sur la réalisation de la ligne
  • 2015 : Accord sur le financement de la section transfrontalière
  • 2019 : Accord franco-italien sur le lancement des travaux définitifs du tunnel
  • 2021 : L’UE alloue 3,4 milliards d’euros au projet sur la période 2021-2027
  • 2023 : Choix du tracé « grand gabarit » côté français

Les chiffres clés du Lyon-Turin

  • 270 km de ligne nouvelle entre Lyon et Turin
  • 57,5 km de tunnel transfrontalier sous les Alpes (dont 45 km en France)
  • 28 millions de tonnes de fret attendues par an
  • 26 milliards d’euros de coût estimé en 2012, réévalué depuis
  • 11,1 milliards d’euros pour la seule section transfrontalière
  • 10 à 15 milliards d’euros pour les accès français

Le Lyon-Turin sera encore longtemps au cœur de l’actualité. Ce serpent de mer des transports européens n’a pas fini de faire débat. À suivre de près dans les prochains mois voire les prochaines années.

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