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Les Syriens en France hésitent à rentrer malgré la chute d’Assad

Les réfugiés syriens en France sont soulagés par la chute d'Assad mais hésitent à rentrer en Syrie. Entre l'envie de retrouver leur pays et la crainte de l'instabilité, beaucoup préfèrent rester et reconstruire leur vie ici. Découvrez leurs témoignages.

Lorsque la nouvelle de la chute du régime de Bachar al-Assad est tombée ce dimanche, un vent d’espoir et de soulagement a soufflé chez les centaines de milliers de réfugiés syriens installés en France. Après plus de dix ans d’un conflit qui a déchiré leur pays, beaucoup y voient enfin le début d’une nouvelle ère. Pourtant, malgré l’envie de retrouver leur terre natale, nombreux sont ceux qui hésitent encore à rentrer, craignant l’instabilité et préférant la vie qu’ils ont reconstruite ici.

Entre soulagement et méfiance, des sentiments partagés

« On a crié victoire parce que le départ de Bachar symbolise la chute d’un régime de terreur » confie Hussam Alolaiwy, un Franco-Syrien installé en France depuis plus de 10 ans et co-fondateur d’une association d’aide aux réfugiés. Comme beaucoup, il a savouré ce moment tant attendu. Mais très vite, l’inquiétude sur l’avenir du pays a repris le dessus : « On a peur de revivre le scénario à l’irakienne, avec le chaos qui suit la chute d’un dictateur ».

Nazih Kussaibi, lui, rêve de « toucher les pierres de la maison de son enfance ». Cet enseignant de 45 ans, arrivé en 2014, n’a qu’une hâte : prendre le premier avion pour Damas dès que les aéroports rouvriront. Mais il sait que tout a changé là-bas et appréhende ce qu’il va retrouver. « J’ai perdu des proches, ma maison a été détruite. Il va falloir tout reconstruire ».

Des vies reconstruites en France

Pour nombre de réfugiés, la décision n’est en réalité pas si simple. Après des années d’exil, beaucoup ont refait leur vie ici et hésitent à tout quitter à nouveau. « On a réorganisé toute notre vie en France, nos enfants sont scolarisés ici, on a un travail. On ne peut pas partir du jour au lendemain » explique Reem, mère de famille de 38 ans.

Bien sûr que la Syrie me manque terriblement. Mais mes enfants sont nés ici, ils ne connaissent rien d’autre. Je ne peux pas leur imposer un nouveau déracinement.

Reem, réfugiée syrienne en France depuis 2012

Comme elle, ils sont nombreux à s’être intégrés, à avoir appris la langue, trouvé un emploi, noué des amitiés. Autant d’attaches qui les retiennent désormais en France où ils ont le sentiment d’avoir trouvé la stabilité après des années de chaos.

L’avenir de la Syrie en question

Au-delà des situations personnelles, c’est surtout l’incertitude qui règne sur l’avenir de la Syrie qui freine les ardeurs. Malgré l’espoir suscité par la chute du régime honni, beaucoup redoutent une longue période d’instabilité politique et de luttes de pouvoir.

  • Qui pour diriger le pays?
  • Comment se répartiront les forces sur le terrain?
  • Les différentes factions parviendront-elles à s’entendre?
  • La paix sera-t-elle durable?

Autant de questions encore sans réponse qui incitent à la prudence. « On veut être sûrs que le pays est vraiment pacifié et sur la bonne voie avant de rentrer. On ne veut pas revivre les mêmes horreurs » insiste Hussam Alolaiwy.

Reconstruire le pays, un défi titanesque

Même quand la situation sera stabilisée, c’est un immense chantier qui attend les Syriens. Après une décennie de conflit, le pays est en ruines et tout est à rebâtir : logements, écoles, hôpitaux, infrastructures… Un défi colossal qui nécessitera du temps et une importante aide internationale.

On ne pourra pas reconstruire la Syrie sans les compétences et les bras de sa diaspora. Tous ceux qui ont fui la guerre ont un rôle à jouer pour bâtir une nouvelle Syrie.

Nazih Kussaibi, enseignant syrien réfugié en France

En attendant des jours meilleurs, la plupart des réfugiés syriens de France préfèrent donc ne pas précipiter leur retour. Le cœur tiraillé entre un pays dévasté à reconstruire et une nouvelle vie à préserver ici, ils suivent de près l’évolution de la situation, espérant pouvoir très bientôt retrouver leur terre sans pour autant perdre ce qu’ils ont bâti en exil. Un équilibre complexe à trouver.

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