Le sort de la Syrie est entre les mains d’un ancien groupe jihadiste. Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l’organisation rebelle qui a précipité la chute du président Bachar al-Assad, sera jugée sur ses actes et son traitement des minorités, a averti lundi le gouvernement allemand. Un véritable test pour cette ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, qui affirme avoir rompu avec son passé extrémiste.
Une transition scrutée de près
Malgré son passif sulfureux, HTS est devenu un acteur incontournable de la Syrie post-Assad. Le groupe « a accompli des choses ces derniers jours et, que nous le voulions ou non, il jouera un rôle dans l’évolution à venir du nouvel ordre en Syrie », a reconnu Sebastian Fischer, porte-parole de la diplomatie allemande.
Mais les chancelleries occidentales, qui classent toujours HTS comme « terroriste », attendent des preuves tangibles de sa mue. « On doit le juger sur ses actes », insiste Berlin, tout en soulignant ses récents « efforts ».
Des signaux encourageants
Car le mouvement cherche à se démarquer de ses origines jihadistes. Dans son fief d’Idleb, HTS a mis en place une administration civile. Il a appelé à la protection des minorités à Alep, tout juste conquise. Et il a mis en garde contre des actes de vengeance, dans un pays meurtri par plus de 13 ans de guerre civile.
Mais une réalité complexe sur le terrain
Toutefois, Idleb sous contrôle de HTS est loin d’être « un paradis démocratique », tempère Sebastian Fischer. Des civils y sont « emprisonnés pour avoir des opinions et des comportements différents ». C’est bien le traitement de la population, et particulièrement des minorités, qui déterminera la crédibilité de la conversion affichée par le groupe rebelle.
Le soutien conditionnel de l’Allemagne
Si l’Allemagne se dit prête à « contribuer » à une solution politique en Syrie, c’est à condition de voir émerger un processus de paix inclusif et respectueux des droits. La « bonne nouvelle » de la chute d’Assad, après une décennie de répression sanglante, ne doit pas être gâchée.
Le traitement des civils et en particulier des minorités dans les zones qu’ils contrôlent permettra de déterminer si ces efforts peuvent désormais être pris au sérieux.
Sebastian Fischer, porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères
HTS, un parcours chaotique
Retour sur le parcours tumultueux de Hayat Tahrir al-Sham, ce groupe qui aspire aujourd’hui à jouer un rôle politique majeur :
- Ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, dont il se sépare en 2016
- Prend le contrôle de la région d’Idleb en 2017
- Participe à l’offensive éclair qui renverse Bachar al-Assad en 2023
- Promet une transition inclusive et le respect des minorités
La communauté internationale, Allemagne en tête, suivra de très près les prochains pas de HTS. Entre méfiance et espoir, le groupe rebelle a une occasion historique de prouver sa transformation. L’avenir de la Syrie en dépend largement.