Au cœur de la Syrie meurtrie par des années de guerre, un vent d’espoir souffle sur Alep. Deuxième ville du pays et poumon économique, Alep renaît peu à peu de ses cendres sous l’administration des groupes rebelles. Leur priorité : rétablir les services essentiels pour redonner vie à la cité.
Le défi de la reconstruction
Dès la fuite des troupes gouvernementales, les employés se sont attelés à nettoyer les rues des débris des combats. Électriciens et plombiers s’activent pour réparer les réseaux d’eau et d’électricité endommagés. L’objectif est clair : permettre aux habitants de retrouver un semblant de normalité.
L’eau et l’électricité ont été rétablies après quelques jours de coupure. Il est désormais très facile d’avoir du pain. De jeunes gens le distribuent et j’ai même commencé à en stocker dans mon réfrigérateur.
– Disbina Bidouri, habitante d’Alep
Le « gouvernement de salut » à la manœuvre
Fondé en 2017 par les rebelles islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), le « gouvernement de salut » transposé à Alep son modèle d’administration. Pain, eau, télécommunications… Les services se remettent en place progressivement pour prouver la crédibilité de cette nouvelle autorité aux yeux des habitants.
Les départements spécialisés de ce proto-gouvernement, épaulés par des ONG locales, se mobilisent. Chaque jour, 450 tonnes de farine sont distribuées aux boulangeries pour produire 250 000 sacs de pain. Les centrales électriques et les relais télécom reprennent du service. La sécurité aussi se renforce avec des patrouilles de nuit.
Le personnel médical de retour
Urologue, le Dr Yasser Darwich a repris ses fonctions à l’hôpital Razi. En quelques jours, l’essentiel des effectifs a été reconstitué. Reste à faire face aux pénuries de médicaments et aux coupures de courant toujours fréquentes. Le HTS promet des améliorations.
Des habitants partagés entre espoir et inquiétude
Si le retour des services vitaux soulage la population, l’inquiétude demeure. Avec une économie à l’arrêt, beaucoup de jeunes restent sans emploi ni perspective. Le chemin sera long pour qu’Alep retrouve son dynamisme économique d’avant-guerre.
Nous avons l’eau et l’électricité mais on n’a plus de revenus avec tous les jeunes qui sont au chômage.
– Nour Chamani, mère de famille
Malgré les défis immenses, les Alépins veulent croire en des jours meilleurs. Après tant d’années de souffrance, ce semblant de vie normale qui s’installe est déjà une victoire. La route sera longue mais l’espoir est là, fragile et déterminé. Alep la martyre entend bien redevenir Alep la resplendissante.