C’est une image forte, lourde de sens. Ce lundi matin, le drapeau de l’opposition syrienne frappé de trois étoiles rouges flotte sur l’ambassade de Syrie à Moscou. Symbole d’un changement radical, d’un tournant historique. Après plus d’une décennie d’une guerre civile dévastatrice, le régime de Bachar el-Assad s’est effondré en quelques jours seulement, chassé par une offensive fulgurante des rebelles.
La Chute Soudaine D’Un Régime Qui Semblait Inébranlable
Pendant des années, malgré un soulèvement populaire et une guerre civile sanglante, Bachar el-Assad et son clan familial semblaient intouchables, fermement accrochés au pouvoir. Épaulé par ses alliés russes et iraniens, le dictateur était parvenu à mater la plupart des poches de résistance, ne laissant aux rebelles que quelques réduits, notamment dans le nord-ouest du pays à Idleb.
Mais le 27 novembre dernier, coup de tonnerre. Une coalition de groupes rebelles islamistes lance une offensive surprise depuis Idleb. En une dizaine de jours à peine, face à l’effondrement des forces gouvernementales, ils reconquièrent de vastes territoires. Alep, Hama, Deraa, Homs… Une à une les grandes villes tombent, jusqu’à l’entrée des rebelles dans Damas ce dimanche.
L’Exil De Bachar El-Assad En Russie
Face à cette déroute, Bachar el-Assad a fui. Selon des sources proches du dossier, il se trouverait actuellement en Russie avec sa famille, Moscou leur ayant accordé l’asile. De son côté, le président américain Joe Biden a déclaré qu’Assad devrait « rendre des comptes », sans plus de précisions pour l’instant.
Mohammed Al-Joulani, Le Nouveau Visage Du Pouvoir ?
Sur le terrain, c’est Mohammed al-Joulani, le chef du groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui semble avoir pris les rênes. Il est apparu triomphant à Damas, prononçant un discours à la symbolique mosquée des Omeyyades. Mais ce vétéran du djihad, ex-membre d’Al-Qaida, inquiète par son profil radical malgré ses efforts récents pour se présenter comme un acteur politique fréquentable.
Un Avenir Incertain Pour La Syrie
De nombreuses questions se posent désormais sur l’avenir de la Syrie. Quel type de régime les vainqueurs vont-ils mettre en place ? Assiste-t-on au retour en force des islamistes radicaux ? Ou bien une transition démocratique est-elle envisageable ? Le spectre d’un chaos à l’irakienne et d’un éclatement du pays hante les esprits.
Il appartient à ce groupe de faire la démonstration de sa volonté sincère d’écarter l’extrémisme, d’écarter l’islamisme et le djihadisme de cette transition.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères
La communauté internationale appelle de ses vœux une transition politique inclusive respectant les droits humains et les minorités. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a exhorté à protéger « les droits de tous les Syriens ». Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité est prévue ce lundi après-midi pour évoquer la situation.
La Libération Des Prisonniers, Signe D’Espoir
Parmi les premières mesures des nouvelles autorités : la libération des prisonniers « injustement détenus » par le régime Assad, dont ceux de la tristement célèbre prison de Saidnaya, symbole des pires exactions. Les images de retrouvailles émouvantes entre des détenus libérés et leurs proches apportent une note d’espoir au milieu des incertitudes.
Après plus de dix ans d’une guerre dévastatrice qui a fait un demi-million de morts et des millions de déplacés, la Syrie amorce un nouveau chapitre de son histoire. Mais la route vers la paix et la stabilité s’annonce encore longue et semée d’embûches. La responsabilité des nouveaux dirigeants est immense pour éviter que le pays ne sombre à nouveau dans le chaos et la violence.
