C’est un revers cuisant pour le Rassemblement National. Lors d’une élection législative partielle organisée ce dimanche dans la 1ère circonscription des Ardennes, le parti d’extrême-droite a perdu un siège à l’Assemblée Nationale au profit d’un candidat sans étiquette. Un résultat inattendu qui sonne comme un désaveu pour Marine Le Pen et ses troupes, à quelques mois seulement des prochaines élections législatives.
Un « barrage républicain » qui a fonctionné
Avec 50,89% des voix, c’est finalement Lionel Vuibert, ancien député Renaissance, qui l’emporte d’une courte tête face au candidat RN Jordan Duflot (49,11%). Un résultat rendu possible grâce au retrait de l’ensemble des autres candidats, de la gauche à la droite, qui ont préféré faire barrage au Rassemblement National. Une stratégie payante, même si elle n’a mobilisé qu’un électeur sur trois, l’abstention atteignant un niveau record de près de 70%.
Une démission surprise à l’origine du scrutin
Cette élection partielle avait été provoquée par la démission surprise en septembre dernier du jeune député RN Flavien Termet, 23 ans seulement, tout juste 3 mois après son élection. Officiellement pour « raisons personnelles d’ordre médical », ce départ précipité avait été diversement interprété, certains y voyant les conséquences d’une possible erreur de casting du Rassemblement National.
« C’est une victoire du front républicain, une défaite cinglante pour le RN. Les électeurs ont dit non à la haine et à la division. »
– Lionel Vuibert, vainqueur de l’élection partielle
Une circonscription symbole des terres ouvrières
À noter que cette 1ère circonscription des Ardennes, historiquement ancrée à gauche, était tombée dans l’escarcelle du RN pour la première fois en juin dernier, sur fond d’abstention record (plus de 53%). Un territoire industriel sinistré, marqué par les fermetures d’usine et un taux de chômage au-dessus de la moyenne nationale. Un terrain a priori favorable au discours du Rassemblement National sur le pouvoir d’achat et le déclin des zones rurales.
Les leçons d’un scrutin pour les législatives à venir
Au-delà de la perte sèche d’un siège pour le groupe RN à l’Assemblée, qui compte désormais 87 députés, c’est un véritable coup d’arrêt pour la stratégie de « normalisation » et de respectabilité du parti lepéniste. Malgré une campagne de terrain active de Marine Le Pen et de son dauphin Jordan Bardella, les électeurs ont préféré élire un candidat « neutre » plutôt qu’un nouveau représentant RN.
À l’inverse, ce succès inattendu redonne espoir aux opposants au Rassemblement National, qui voient la possibilité de l’emporter face à l’extrême-droite en cas de front uni. Une leçon à méditer pour la majorité présidentielle et les partis de gauche, a fortiori dans le contexte inflammable lié à la très contestée réforme des retraites.
Reste qu’avec plus de 2 électeurs sur 3 qui ont boudé les urnes, le grand gagnant de ce scrutin semble être l’abstention. Un défi majeur à relever pour l’ensemble de la classe politique en vue des prochaines élections, législatives ou européennes. Remotiver des Français de plus en plus désabusés et éloignés de la chose publique s’annonce comme l’enjeu numéro 1 des prochains mois.
Les 3 enseignements clés à retenir :
- Le Rassemblement National, en difficulté, perd un siège clé à l’Assemblée Nationale
- La stratégie du « barrage républicain » a fonctionné malgré une abstention record
- Un espoir pour les opposants au RN en vue des prochaines échéances électorales