ActualitésInternational

La Chute du Président Syrien Bachar al-Assad

Le régime syrien de Bachar al-Assad s'est effondré en quelques jours seulement, balayé par une offensive fulgurante des rebelles. Comment expliquer cette chute soudaine après des années de guerre civile ? Les détails d'un dénouement inattendu…

C’est un dénouement aussi inattendu que spectaculaire. Dimanche, le président syrien Bachar al-Assad a été renversé par une coalition de groupes rebelles, principalement islamistes, au terme d’une offensive éclair de moins de deux semaines. Cette chute soudaine, après des années d’une guerre civile sanglante, soulève de nombreuses questions. Comment le régime syrien, qui tenait encore l’essentiel du pays il y a quelques mois, a-t-il pu s’effondrer si rapidement ? Quels sont les facteurs clés ayant précipité la fin du règne d’Assad ? Décryptage d’un séisme géopolitique majeur au Moyen-Orient.

Une armée syrienne fantôme

Malgré les apparences, l’armée fidèle au président Assad était déjà considérablement affaiblie depuis des années. Selon les experts, entre les pertes humaines, les désertions et les refus de conscription, ses effectifs avaient fondu de moitié par rapport au début de la guerre civile en 2011, passant de 300 000 à environ 150 000 hommes.

« Depuis 2011, on assiste à un délitement en termes d’effectifs, d’équipements et de motivation de l’armée », analyse David Rigoulet-Roze de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Sous-payés, de nombreux soldats se livrent au pillage. Quant aux jeunes syriens, beaucoup refusent désormais d’être mobilisés.

Face à cette armée fantôme, les rebelles n’ont rencontré qu’une faible résistance lors de leur avancée fulgurante. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les militaires gouvernementaux ont souvent évacué leurs positions sans combattre. Un effondrement précipité par la décision tardive et désespérée de Bachar al-Assad d’augmenter de 50% la solde des militaires de carrière, qui n’a fait qu’accélérer la déliquescence.

Le lâchage des alliés

Mais le facteur déterminant de la chute d’Assad aura été l’abandon de ses alliés traditionnels, la Russie et l’Iran, qui lui avaient jusqu’ici permis de se maintenir au pouvoir. L’appui militaire russe, décisif à partir de 2015, n’a cette fois pas été au rendez-vous, Moscou étant concentré sur la guerre en Ukraine.

De son côté, l’Iran, affaibli par des mois de confrontation avec Israël, n’a pas pu mobiliser ses supplétifs sur le terrain syrien comme le Hezbollah libanais. Le mouvement chiite a dû rapatrier en urgence des milliers de combattants du front syrien vers le sud du Liban pour faire face aux bombardements de Tsahal.

« Si la Russie ou l’Iran, ou les deux, décident qu’ils peuvent faire avancer leurs intérêts sans Assad, alors ses jours au pouvoir sont comptés »

– Nick Heras, New Lines Institute for Strategy and Policy

Le rôle clé d’Abou Mohammed al-Jolani

Enfin, l’unification et la montée en puissance des groupes rebelles, sous l’impulsion du chef islamiste Abou Mohammed al-Jolani, ont été déterminantes. Ce dernier a réussi en quelques années à « construire des institutions et centraliser une grande partie de la rébellion sous son propre contrôle », comme le souligne Aron Lund, du centre de réflexion Century International.

Profitant de l’affaiblissement de l’armée loyaliste et du retrait des forces iraniennes, al-Jolani a lancé le 27 novembre une offensive massive et coordonnée, à partir des bastions rebelles du nord-ouest syrien. En quelques jours, ses troupes ont pu s’emparer des grandes villes du pays sans rencontrer de véritable opposition.

Quel avenir pour la Syrie ?

Après cette chute express, de nombreuses inconnues demeurent quant à l’avenir de la Syrie. Abou Mohammed al-Jolani a annoncé vouloir instaurer un « État islamique », sans plus de précisions pour le moment. Moscou et Téhéran semblent pour l’heure adopter une position attentiste.

Une chose est sûre : après plus de 500 000 morts et des destructions massives, le pays est totalement à reconstruire. La population syrienne, épuisée par une décennie de guerre civile, aspire avant tout à une paix durable. Mais le chemin sera long et semé d’embûches, avant de tourner définitivement la page de l’ère Assad.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.