Dans un rebondissement fracassant de la vie politique française, le gouvernement de Michel Barnier a été renversé ce jeudi par le vote d’une motion de censure à l’Assemblée nationale. Une alliance aussi surprenante qu’hétéroclite, allant de La France insoumise au Rassemblement national, a provoqué ce séisme parlementaire. Au lendemain de ce coup de théâtre, Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, affiche sa satisfaction.
Un scénario politique imprévisible
Nul n’aurait parié sur un tel dénouement il y a encore quelques jours. Le gouvernement Barnier, en place depuis moins d’un an, semblait avoir les coudées franches pour mener ses réformes controversées, notamment celle des retraites. Mais c’était sans compter sur la fronde parlementaire, cristallisée autour de la figure de Mathilde Panot et de son groupe LFI.
La cheffe de file des Insoumis à l’Assemblée s’est ainsi félicitée de ce renversement, y voyant un désaveu cinglant de la politique menée par l’exécutif :
Les gens nous disent merci d’avoir renversé un gouvernement qui voulait faire passer le budget le plus injuste de la Ve République.
Mathilde Panot
Une alliance de circonstance
Pour autant, la composition de la majorité ayant voté la censure interpelle. Des partis aux antipodes idéologiques comme LFI et le RN se sont retrouvés pour faire chuter le gouvernement Barnier. Une alliance que Mme Panot assume pleinement :
Ceux qui commettent la faute politique et morale, c’est ceux qui se mettent dans la main de l’extrême droite, comme le gouvernement de Michel Barnier.
Mathilde Panot
Mais cette Realpolitik interroge sur la capacité de cette coalition improbable à s’entendre durablement pour gouverner le pays. D’aucuns y voient un mariage de circonstances voué à imploser rapidement.
Castets ou personne pour Matignon ?
LFI maintient en effet sa ligne intransigeante sur le nom du prochain locataire de Matignon. Pour le groupe de Mathilde Panot, ce sera Lucie Castets, candidate pressentie de la Nupes, ou personne. Un ultimatum qui sonne comme une fin de non-recevoir aux tentatives de compromis d’Emmanuel Macron.
Nous ne croyons pas une seule seconde qu’il soit possible de gouverner avec ceux contre lesquels nous avons été élus. Si le président nomme quelqu’un d’autre que Lucie Castets, nous déposerons une motion de censure.
Mathilde Panot
Le bras de fer entre l’Élysée et l’Assemblée s’annonce donc particulièrement tendu dans les jours à venir. Emmanuel Macron, dont les consultations débutent ce lundi, devra manœuvrer avec dextérité pour sortir de l’impasse politique provoquée par ce renversement inattendu.
Un avenir politique incertain
Au-delà de la question de Matignon, c’est toute la stratégie politique d’Emmanuel Macron pour la fin de son quinquennat qui est remise en cause. Privé de majorité absolue à l’Assemblée depuis les législatives de 2022, le président voit sa marge de manœuvre se réduire encore davantage avec la chute de son gouvernement.
Plusieurs scénarios sont désormais sur la table :
- La nomination d’un gouvernement de coalition, au risque de l’instabilité.
- La dissolution de l’Assemblée et de nouvelles élections législatives, pari risqué.
- La cohabitation avec un Premier ministre d’opposition, situation inédite sous la Ve République.
Une chose est sûre : la France entre dans une zone de fortes turbulences politiques. Entre les oppositions revigorées par ce succès et un exécutif déstabilisé, le pays s’apprête à vivre des semaines décisives et incertaines. Mathilde Panot peut savourer sa victoire d’étape, mais le plus dur reste à faire pour transformer l’essai du renversement.
