C’est une journée historique que vivent les centaines de milliers de Syriens réfugiés en Allemagne. Dans les rues de Berlin, l’émotion et la joie éclatent après l’annonce de la chute du régime de Bachar al-Assad, qui a régné d’une main de fer sur la Syrie pendant un demi-siècle. « Nous sommes contents, la dictature est terminée, Assad est parti! », s’exclame Ahmed, technicien de 39 ans originaire d’Alep, au milieu de la foule en liesse.
Berlin, épicentre des célébrations de la diaspora syrienne
Dès les premières heures de la matinée, les klaxons résonnent et les drapeaux de l’opposition syrienne flottent dans le quartier populaire de Neukölln, où vivent de nombreux migrants. Venus en famille, le visage peint aux couleurs nationales, près de 2000 Syriens selon la police convergent ensuite vers la place de Kreuzberg pour une manifestation festive. « Enfin ce gouvernement est tombé », se réjouit Ahmad al-Hallabi, mécanicien de 27 ans, accompagné de ses deux enfants.
L’Allemagne abrite la plus grande communauté de réfugiés syriens dans l’Union européenne, avec plus d’un million de personnes arrivées depuis le début du conflit en 2011. Berlin est ainsi devenu le théâtre des premières célébrations de la chute du clan Assad, saluée par le gouvernement allemand qui met toutefois en garde contre un éventuel chaos.
Entre soulagement et inquiétudes pour l’avenir
Si le soulagement domine chez les manifestants, l’inquiétude pointe aussi face aux incertitudes qui pèsent sur l’avenir de la Syrie. « J’espère la paix et que tout ce qu’Assad et ses gens ont détruit soit reconstruit », confie Ahmad al-Hallabi, qui a fui Alep en 2015 après avoir été témoin d’atrocités. Un espoir tempéré par la crainte, exprimée par la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, que le pays « ne tombe pas maintenant entre les mains d’autres radicaux ».
La justice allemande pionnière dans la condamnation des crimes du régime
La chute d’Assad marque aussi une victoire pour les défenseurs syriens des droits humains réfugiés en Allemagne, à l’image de l’avocat Anwar al-Bunni. Emprisonné 5 ans en Syrie, il a contribué à la condamnation historique en janvier 2022, par la justice allemande, d’un ex-colonel syrien à la perpétuité pour crimes contre l’humanité. Un procès pionnier au niveau mondial sur les exactions du régime.
« Je savais que ce moment allait arriver et que le peuple syrien qui demande la liberté allait l’obtenir », déclare celui qui a dédié sa vie à la défense des droits humains.
L’heure est donc à la fête mais aussi aux questions sur l’avenir politique de la Syrie alors qu’une coalition de groupes rebelles, dont certains radicaux, a renversé le pouvoir en place. La communauté internationale aura un rôle clé à jouer pour accompagner la transition du pays, ravagé par une décennie de guerre civile, vers la paix et la démocratie tant espérées par sa population. Un défi immense mais porteur d’espoir pour les millions de Syriens en exil à travers le monde.
