Un événement historique vient de se produire en Syrie : après avoir passé près d’un quart de siècle à la tête d’un régime liberticide qui dirigeait le pays d’une main de fer, le président Bachar al-Assad a pris la fuite dans la nuit de samedi à dimanche alors que les rebelles entraient dans la capitale Damas.
Une fuite précipitée et discrète
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Bachar al-Assad a quitté Damas samedi à 22h à bord d’un avion privé décollant de l’aéroport international. Son départ pour une destination inconnue s’est déroulé dans la plus grande discrétion, laissant ainsi le champ libre aux rebelles.
Si le flou règne pour l’instant sur la destination du leader déchu, trois options s’offrent à lui selon les analystes :
- La Russie, soutien indéfectible d’Assad qui a engagé son aviation militaire dans le conflit
- L’Iran, autre allié de poids qui a dépêché conseillers et milices pour épauler le régime
- Les Émirats arabes unis, un des rares pays du Golfe à avoir renoué avec Damas dès 2018
L’effondrement de l’armée syrienne
Dès l’annonce du départ d’Assad, de nombreux soldats syriens ont immédiatement quitté leur uniforme, selon des témoins. Des dizaines de véhicules militaires abandonnés ont été aperçus dans les quartiers abritant ambassades et institutions sécuritaires. L’armée, déjà exsangue après une décennie de guerre, n’a publié aucun communiqué. Interrogés, des soldats affirment qu’ordre leur a été donné de se retirer.
Durant leur offensive-éclair lancée fin novembre, les rebelles ont rapidement progressé, faisant tomber les grandes villes d’Alep, Hama et Homs avant d’entrer dans Damas, sans rencontrer de véritable résistance. Un coup dur pour un régime qui contrôlait encore récemment la majorité du territoire syrien.
Une passation de pouvoir à négocier
Forts de leur victoire, les rebelles ont proclamé une « nouvelle ère » pour la Syrie et appellent les millions de réfugiés à rentrer dans « une Syrie libre ». Le Premier ministre syrien s’est dit prêt à coopérer avec tout nouveau « leadership » pour une passation de pouvoir.
Le défi principal aujourd’hui, c’est la reconstruction de l’État syrien, et la sortie d’une phase de chaos et de fragmentation.
Mohanad Hage Ali, chercheur au centre Carnegie pour le Moyen-Orient
Avec le morcellement du pays et la présence de multiples acteurs aux intérêts divergents, l’avenir de la Syrie apparaît plus qu’incertain. La priorité sera de reconstruire des institutions stables et représentatives tout en évitant de nouvelles violences. Un défi de taille après une guerre civile dévastatrice qui laissera des traces pour longtemps.