Après des décennies sous le joug oppressant de la famille Assad, un vent de changement souffle sur la Syrie. Dans un geste lourd de sens, les habitants se sont rassemblés pour déboulonner et piétiner les statues de Hafez al-Assad et de son fils Bachar, les symboles d’un régime brutal et liberticide qui a tenu le pays d’une main de fer pendant près d’un demi-siècle.
La chute des symboles de l’oppression
C’est dans la capitale, Damas, que la scène la plus marquante s’est déroulée. Des dizaines de Syriens ont uni leurs forces pour renverser une statue de Hafez al-Assad, le patriarche de la dynastie. Un moment chargé d’émotion et de symbolisme pour ce peuple qui aspire à la liberté depuis si longtemps.
Des scènes similaires se sont reproduites à travers le pays, de Hama à Alep en passant par Deraa, berceau du soulèvement pacifique de 2011 qui avait été violemment réprimé par le régime. Partout, les visages de pierre des oppresseurs ont été jetés à bas de leur piédestal.
Hafez et Bachar al-Assad, une dynastie de dictateurs
Hafez al-Assad a régné sur la Syrie de 1971 jusqu’à sa mort en 2000. Son règne a été marqué par une répression implacable de toute opposition, comme lors de l’écrasement sanglant du soulèvement des Frères musulmans à Hama en 1982.
Son fils Bachar lui a ensuite succédé, poursuivant la politique de terreur de son père. Lorsqu’un mouvement de contestation pacifique a émergé en 2011 dans le sillage des printemps arabes, il l’a noyé dans un bain de sang, plongeant le pays dans une guerre civile dévastatrice.
Un contrôle absolu sur le pays
Pendant cinq décennies, les Assad ont exercé un contrôle total sur la Syrie. Leur portrait était placardé partout, du moindre bureau administratif aux salles de classe. Une omniprésence oppressante destinée à graver leur emprise dans l’esprit des Syriens dès leur plus jeune âge.
Après cinq décennies au pouvoir, la plupart des Syriens ne se souviennent pas d’une époque où le pays n’était pas gouverné par les Assad.
La « fuite » de Bachar al-Assad
Le renversement des statues survient quelques heures seulement après l’annonce par une coalition de groupes rebelles de la « fuite » de Bachar al-Assad, à l’issue d’une offensive éclair sur la capitale. Une information invérifiable de source indépendante à l’heure actuelle, le chaos régnant dans le pays.
Si elle se confirmait, elle marquerait la chute d’un des régimes les plus tyranniques du Moyen-Orient et ouvrirait une ère d’incertitude pour la Syrie, ravagée par une décennie de guerre civile et dont le territoire est morcelé entre différents acteurs soutenus par des puissances étrangères.
Un avenir incertain
La Syrie parviendra-t-elle à tourner la page des années de plomb et à se reconstruire ? La route sera longue et semée d’embûches pour ce pays meurtri qui a vu un demi-million de ses enfants périr et des millions d’autres prendre les routes de l’exil.
Mais l’espoir renaît. Le renversement des statues des tyrans est un premier pas symbolique vers la liberté et la démocratie. Les images de liesse qui nous parviennent de Syrie nous rappellent celles de la chute de Saddam Hussein en Irak. Puisse l’histoire ne pas se répéter et la paix enfin s’installer durablement dans ce pays martyr.